Les propriétaires de Corvette sont des passionnés. Voici quelques-unes de ces histoires d'amour...

L'ancêtre à la robe noire

Si vous êtes collectionneur, vous savez que c'est la rareté qui fait l'intérêt et la valeur d'un objet. L'automobile n'échappe pas à cette règle. Que dire alors d'une Corvette 1954, la 1119e de la race, sortie de l'usine avec une carrosserie peinte en noir? Précisons que cette année-là, seulement quatre Corvette noires sont sorties de l'usine. Quatre!

Cette rare Corvette fut la propriété de Daniel Berthiaume, de Terrebonne. Je dis «fut», car la belle en noir a été vendue il y a deux ans - «sans regrets», précise M. Berthiaume. «Elle m'a permis de réaliser d'autres rêves. Je l'avais trouvée dans Hemmings Motor News, la bible des amateurs de voitures anciennes. Elle était à Carson City, au Nevada, mais avait séjourné 50 ans en Californie.»

Restauré de fond en comble en 1998, le numéro 1119 a décroché en 1999 le «Top Flight», l'un des trophées les plus prisés de la National Corvette Restorers Society.

Aujourd'hui, Daniel Berthiaume «attend impatiemment la nouvelle C7, qui sera dévoilée le 13 janvier». «Une piqûre qui ne vous quitte jamais.»

Corvette 1954

> Moteur: 6 cylindres en ligne, 235 po3 (3,8 L), 150 chevaux

> Transmission: Powerglide automatique, deux rapports

> Poids: 1309 kg

Une retraite dorée pour la grande voyageuse

«Nous sommes en 1979. À cette époque-là, au début de l'ère antipollution, la Corvette avait quelque peu perdu sa réputation de muscle car, mais le design était encore séduisant. Disons donc que je me suis laissé séduire, surtout quand un ami concessionnaire m'a informé que le millésime 1980 serait le dernier avec le moteur L-82 plus puissant. En mars 1980, après cinq mois d'attente, me voilà donc au volant de ma belle L-82 argentée.

«Deux ans plus tard, c'est la naissance de notre fils, qui a quitté l'hôpital à Montréal blotti dans un panier placé derrière les sièges de... la Corvette. Je me souviens encore des regards pour le moins étonnés du personnel médical!

«Au fil des ans, la Corvette nous a suivis en Europe, d'abord en France, puis en Grande-Bretagne, où elle a séjourné plusieurs années, pour enfin revenir au bercail dans notre maison de campagne à Knowlton. J'avais décidé de lui faire faire une révision complète par un véritable spécialiste. Après moult recherches, c'est à Knowlton, à quelques minutes de chez nous, que j'ai trouvé LE spécialiste de la Corvette au Québec, le regretté John Dingman.

«Il m'est arrivé de songer à vendre la Vette, mais la réaction indignée de mon fils a mis un terme définitif à ce projet. «Comment, la vendre? Je suis pratiquement né dans cette voiture!» Je vous avoue que c'est précisément ce que je voulais entendre... C'est pour vous dire que Mademoiselle - c'est son surnom - fait partie de la famille. D'ailleurs, les plis que les années ont creusés dans les sièges conviennent parfaitement à mon anatomie, comme de vieilles pantoufles. Sans compter que chaque printemps, grâce à Mademoiselle, je rajeunis de 30 ans, ne serait-ce que le temps d'une balade dans les Cantons-de-l'Est.»

Propos de Sélim B. Samman, Montréal

Corvette L-82 - 1980

> Moteur: V8, 350 po3 (5,7 L), 230 chevaux

> Transmission: automatique trois vitesses

> Poids: 1585 kg

Photo fournie par Sélim Samman

«Mademoiselle» se coule une douce retraite dans les Cantons-de-l'Est. Elle garde, en souvenir de ses voyages, sa plaque d'immatriculation anglaise.

La revanche de la mal-aimée

Dix ans après la première Corvette, GM dévoile la superbe Sting Ray, qui s'inspire en partie du concept Mako Shark signé Bill Mitchell et évoque les lignes du redoutable requin du même nom. La première Sting Ray arbore aussi une arête centrale (poisson oblige), qui marque le toit et la barre qui divise en deux la lunette arrière. Surnommée Split-Window, cette Corvette «ne plaît pas à tous, notamment aux journalistes, qui lui reprochent le manque de visibilité vers l'arrière», précise Jean-Paul Clermont, de Georgeville, heureux propriétaire d'une authentique Split-Window.

Sans épine dorsale (excusez le jeu de mots...), GM se soumet aux diktats des «journalistes mal avisés» et renonce à ce détail fort original pour adopter l'année suivante une lunette ininterrompue. Construite à moins de 11 000 exemplaires, la Split-Window 1963, qui devient du même coup un objet rare, compte parmi les Corvette les plus prisées des collectionneurs. En somme, la douce revanche de la «mal-aimée».

«J'ai toujours admiré les lignes de la Sting Ray, si belles, si différentes», explique Jean-Paul Clermont, ancien concessionnaire GM. «Elle aura 50 ans en 2013 et je la trouve toujours aussi séduisante. C'est dommage que je ne la sorte pas plus souvent. Peut-être est-il temps de la vendre à un autre amoureux de Sting Ray?», conclut M. Clermont.

Chevrolet Corvette Sting Ray 1963

> Moteur: V8, 327 po3 (5,3 L), 300 chevaux

> Transmission: manuelle quatre vitesses

> Poids: 1315 kg

Info pour amateurs Le club: National Corvette Restorers Society, Québec www.ncrsquebec.com

Photo fournie par GM

On voit clairement l'arrête centrale et la lunette arrière dite «Split-Window».