Le constructeur automobile américain General Motors (GM) a décidé de mettre fin à la concurrence entre ses marques sur le marché européen, en retirant Chevrolet pour laisser le champ libre à ses filiales allemande Opel et britannique Vauxhall.

À compter de début 2016, «notre marque Chevrolet n'aura plus de présence générale en Europe de l'Ouest et de l'Est, en raison d'un modèle économique délicat et de la situation économique difficile en Europe», a expliqué GM dans un communiqué.

Chevrolet détient environ 1% du marché européen, où il a écoulé près de 200 000 véhicules en 2012.

GM, qui peine de longue date à dégager des bénéfices sur le marché européen, veut dorénavant concentrer sa stratégie sur Opel et Vauxhall, et ainsi réduire la complexité de son offre. Les activités européennes de GM ont accusé l'an dernier une perte d'exploitation (Ebit) de 1,8 milliard de dollars, après déjà 747 millions de dollars en 2011.

«Cela améliorera (les perspectives des) marques Opel et Vauxhall et réduira la complexité du marché liée à la présence d'Opel et Chevrolet en Europe de l'Ouest et de l'Est», a-t-il expliqué.

La décision a été accueillie avec satisfaction chez Opel, qui bataille depuis des années pour retrouver le chemin de la croissance, au prix de plusieurs plans de restructuration et de la décision d'arrêter sa production dans son usine allemande de Bochum fin 2014.

Pas de production en Europe

«Cela va entraîner un renforcement de notre activité», a déclaré un porte-parole à l'AFP, soulignant une nouvelle fois la volonté d'Opel de croître sur le marché européen. Avec Vauxhall, il y affiche sur les onze premiers mois de l'année une part de marché de 6,7%.

L'annonce de GM signe en quelque sorte le succès du patron d'Opel Karl-Thomas Neumann, qui depuis son arrivée en mars se bat pour convaincre sa direction américaine que le positionnement de Chevrolet est devenu trop proche de celui d'Opel, conduisant les deux marques à se livrer une guerre des prix aux conséquences néfastes pour le groupe.

«C'est un signe de confiance pour Opel et Neumann, le fait que Detroit n'a plus besoin de concurrence interne», a estimé l'expert allemand Stefan Bratzel.

Déjà en avril, M. Neumann avait obtenu de GM qu'il investisse 4 milliards d'euros d'ici 2016 pour lancer plus d'une vingtaine de nouveaux modèles Opel, comme l'Adam ou la Mokka, avec l'objectif de renouer avec les bénéfices en 2016.

Le retrait du marché européen de Chevrolet se traduira par une charge exceptionnelle nette de 700 millions à 1 milliard de dollars, ventilée sur le dernier trimestre 2013 et les deux premiers de 2014, a précisé GM. Cette charge inclut notamment des dépréciations d'actifs et la restructuration chez ses concessionnaires.

En revanche, la marque n'a pas de site de production en Europe, les voitures qui y sont écoulées étant produites en Corée du Sud.

GM a précisé vouloir continuer à commercialiser certains modèles emblématiques de la marque en Europe de l'Ouest et de l'Est, comme la Corvette, et maintenir sa présence sur les marchés russe et de la Communauté des États indépendants (CEI).

«En Russie et dans la CEI, les marques sont clairement définies et distinguées, et en conséquence plus compétitives sur leurs segments respectifs», s'est-il justifié.