Il flotte un parfum très « années 60 » autour de la Camaro, qui célébrera son 50e anniversaire en septembre. Pourtant, sous des dehors qui rappellent sa gloire passée, ce coupé sport abrite un châssis d'une grande sophistication et un moteur à quatre cylindres suralimenté... Les temps changent, la Camaro aussi.

Nous n'avons pas tous eu le « privilège » de vivre l'époque délurée où l'essence coulait à flots dans les carburateurs Holley des gros moteurs V8 et où l'on pouvait impressionner les copains (la copine, surtout !) en cirant jusqu'au bord de l'éclatement les pneus arrière de son bolide.

Machine à remonter dans le temps

Longtemps, Chevrolet a proposé l'une de ces machines à remonter le temps, capable de ressusciter la jeunesse de sa clientèle : la Camaro.

La précédente génération n'a pas manqué de rallumer les feux de cette époque révolue et, pour une rare fois, a délogé la Mustang - son éternelle rivale - de sa position de tête au palmarès des ventes. Une performance qui gonfle d'orgueil ses concepteurs qui, pour 2016, remettent le compteur à zéro en inaugurant cette nouvelle mouture.

Les larges et lourdes portières (attention de ne pas racler le trottoir, car la voiture est basse) s'ouvrent sur un habitacle étonnamment étriqué, vu les dimensions extérieures de l'auto. Seule consolation pour ceux et celles qui préféreront le cabriolet au coupé : le dégagement crânien est supérieur et autorise presque le port d'un Stetson.

Vision restreinte

Qui plus est, les deux étroits baquets arrière n'accueillent que des enfants dociles.

Ils le seront davantage si vous optez pour le forfait internet offert sur ce véhicule - suffisamment âgés pour ne plus avoir besoin d'un siège d'appoint (l'assise étant beaucoup trop étroite) et capables de voyager sans leur toutou favori. 

À l'avant, on est mieux assis, mais on n'y voit rien. Le conducteur doit composer avec une visibilité souvent précaire, ce qui rend l'exécution des manoeuvres particulièrement difficile, et ce, même si le rayon de braquage est honnête.

Le coffre incite à voyager léger

Ne parlons pas du coffre à bagages, dont le seuil est élevé et qui est à peine capable d'avaler trois sacs d'épicerie. Cuisine minceur recommandée !

Et que dire de la qualité de construction ? Elle n'a jamais été meilleure. En contrepartie, malgré des efforts bien sentis par rapport au modèle de la génération antérieure, la présentation intérieure ne respire pas la qualité à laquelle on est en droit de s'attendre.

Certains matériaux utilisés pour habiller l'habitacle paraissent à la fois rudes et grossiers. Un commentaire qui ne s'applique en revanche pas à la qualité de l'interface multimédia, qui se révèle conviviale et intuitive.

Sur le plan dynamique, la génération précédente était pas mal, mais rien à comparer avec la nouvelle. Cette dernière étrenne en effet un châssis similaire à celui de la Cadillac ATS.

Petit, le coffre.

Ordinaire, l'intérieur.

Un châssis supérieur

Connu sous le nom d'Alpha, ce châssis « à l'européenne » affiche une répartition presque parfaite des masses entre les trains roulants et un choix judicieux des alliages pour contenir le poids de l'auto.

À ce sujet, les concepteurs de Chevrolet aiment rappeler que cette mouture est plus légère que la précédente, mais tardent à communiquer les chiffres. Voilà qui explique pourquoi le chiffre inscrit à notre fiche technique est une estimation. Le rapport poids/puissance aussi, par ailleurs.

En effet, dans sa configuration de base, la Camaro s'anime d'un moteur à quatre cylindres. Une première pour cette auto ? Pas du tout. Ce « privilège » a été accordé à la troisième génération (1983). À cette époque, il s'agissait d'un 2,5 L (Iron Duke) atmosphérique qui relevait alors davantage de la grosse chaudronnerie que de la technologie automobile de pointe. Aujourd'hui, Chevrolet y met le turbo. Ce moteur de 2 L de cylindrée se retrouve déjà sur d'autres produits du groupe, dont la Cadillac ATS.

La Camaro -- la Cadillac des coupés sport-- a d'ailleurs le même 4-cylindre que la Cadillac ATS.

À la condition de ne pas constamment plaquer la pédale d'accélérateur au plancher, la Camaro parvient sans trop de peine à consommer moins de 10 L/100 km.

En outre, la boîte manuelle à six rapports qui accompagne de série cette mécanique est d'un rendement sans histoire. Rien à voir avec celle offerte dans le passé qui nécessitait une main de fer et un mollet de cycliste professionnel. Cela dit, la boîte automatique demeure néanmoins un meilleur choix, malgré le supplément exigé. En effet, elle est mieux adaptée à la courbe de puissance de ce moteur turbo, en plus d'avoir un impact positif ($) à la revente.

La Camaro offre trois choix de moteurs, 8, 6 et 4 cylindres. La Camaro à 4 cylindres est sans doute la meilleure affaire de sa catégorie.

Bon quatre-cylindres

Sans vous plaquer contre le dossier de votre siège, l'accélération de cette Camaro quatre cylindres a de quoi surprendre. Malgré un manque de souplesse, une sonorité quelconque et un temps de réponse du turbo un peu long, ce deux-litres sied parfaitement bien à l'auto.

Adhérence velcro sur le sec : fini la polka

Le comportement de la Camaro sur route sèche et en bon état mérite d'être qualifié de très sain. L'adhérence à la chaussée rappelle le velcro, et la direction a les réflexes précis d'un jongleur du Cirque du Soleil. Et ce qui ne gâte rien, la Camaro ne danse plus la polka dès que la qualité de la chaussée se dégrade.

Le débattement est suffisant et ne compromet en rien la qualité de la tenue de route. Légèrement sous-vireuse en entrée de courbe, la Camaro s'inscrit ensuite sans hésiter dans la trajectoire désirée. La présence du correcteur de stabilité électronique veille à ce que la Camaro ne se mette pas en équerre. Précieux sur une chaussée détrempée, où ce coupé sport peut s'avérer plus délicat à piloter. En outre, considérant les performances de ce véhicule, on aurait souhaité des étriers de freins plus mordants et une pédale moins ferme, plus facile à moduler.

Les nostalgiques (ou les irréductibles ?) de la conduite sportive à l'américaine auront sans doute aujourd'hui du mal à établir un parallèle avec les Camaro du passé, mais devront reconnaître que cela est bien ainsi. Aux autres qui ne la considéraient pas, mieux vaut ranger vos préjugés au vestiaire. Considérant le prix demandé, cette Camaro à quatre cylindres est sans doute la meilleure affaire à saisir dans la catégorie.

Fiche technique

L'ESSENTIEL 

Marque/Modèle : Chevrolet Camaro 2016

Fourchette de prix : 29 095 $ à 48 000 $

Frais de transport et de préparation : 2000 $

Garantie de base : 3 ans / 60 000 km

Consommation réelle : 9,6 L/100 km

TECHNIQUE (VERSION RS)

Moteur : L4 DACT 2 : turbo

Puissance : 270 ch à 5500 tr/min 

Couple : 290 lb-pi entre 3000 et 4600 tr/min

Poids : 1497 kg (estimation)

Rapport poids/puissance : 5,54 kg/ch (estimation)

Mode : Propulsion

Transmission de série : Manuelle six rapports

Transmission optionnelle : Automatique huit rapports

Direction / Diamètre de braquage : Crémaillère / ND

Freins av.-arr. : Disque / Disque 

Pneus av.-arr. : 245/50R18

Capacité du réservoir / Essence recommandée : 72 L / Ordinaire

ON AIME 

Rapport prix/performances 

Connectivité 

Économie de carburant 

ON AIME MOINS 

Présentation intérieure banale 

Encombrement 

Usage limité et souvent estival