Dans les mois et les années qui viennent, on devrait croiser de plus en plus de ces voitures qui glissent silencieusement sur le bitume. La Bolt de Chevrolet sera l'une de celles-là grâce à son autonomie qui lui permet de rouler pratiquement deux fois plus longtemps que ses semblables vendues à des prix pratiquement équivalents.

Les principales réticences à l'égard d'un véhicule électrique tenaient à son autonomie limitée, à son réseau de ravitaillement épars et à son prix élevé. Avec la Bolt, Chevrolet avance des arguments susceptibles de vaincre l'appréhension du néophyte et les doutes de l'acheteur potentiel : les deux pourraient voir en elle une auto bien adaptée à leurs déplacements et une concurrente sérieuse aux voitures classiques plutôt qu'un complément à celles-ci.

Chevrolet Bolt - Banc d'essai ƒric Lefranois 13 mars 2017 - CrŽdit: Photos fournies par Chevrolet

Signature électrique discrète

Méfiance instinctive, examen circulaire et suspicieux. Cette Chevrolet Bolt reliée par un cordon ombilical à la prise de courant de son choix, rien ne la distingue de n'importe quel modèle à essence. Ou si peu.

La signature électrique reste discrète et, franchement, il faut être un peu pervers pour remarquer l'absence de pot d'échappement. La petite trappe extérieure, à mi-hauteur juste derrière la roue avant, n'est pas non plus très voyante. Pas autant du moins que les lignes inusitées de sa haute carrosserie.

Il faut se lancer. L'index posé sur le bouton de démarrage et c'est à peine si l'on perçoit le léger clic du relais qui met le moteur sous tension. On s'agace immédiatement ensuite du guidage imprécis de la commande du sélecteur électrique, notamment lorsqu'il s'agit d'engager la marche arrière. Le pied caresse précautionneusement la pédale d'accélérateur et... rien ne se passe.

Appuyer fort

Il faut rassembler ses souvenirs d'autos tamponneuses ou de voiturettes de golf et appuyer plus franchement. Dès lors, la Bolt répond avec une accélération instantanée, sans aucun délai de réaction.

Au feu rouge, griller les autres automobilistes est un plaisir parfaitement à sa portée. On lève le pied de l'accélérateur, et le frein moteur ralentit la voiture avec un zeste de mouvement perpétuel, car le moteur se transforme alors en générateur de courant pour recharger la batterie. À ce sujet, la Bolt invite là aussi son conducteur à revoir ses classiques. Grâce à une palette montée au volant, l'usage de la pédale de freinage n'est plus vraiment nécessaire.

Psychologique, sans doute, l'autonomie de la Bolt est plus rassurante que celle de tous les autres véhicules électriques - à l'exception notable de Tesla - actuellement sur le marché.

La peur de tomber en panne de courant est grandement atténuée, même si, dans le cadre de cet essai - il faisait froid et le véhicule était grimpé sur des pneus d'hiver -, il a été possible de valider les assertions du constructeur sur l'autonomie de ce véhicule (383 km). Qu'à cela ne tienne, contrairement à plusieurs véhicules électriques essayés ces dernières années, on ose utiliser la Bolt autrement que sur des distances symboliques, et ce, dès la première prise en main.

Glisser plutôt que rouler

Malgré son poids conséquent - les batteries représentent le quart du poids du véhicule -, la Bolt a du répondant. Ses accélérations ne collent aucun de quatre occupants à son siège et les virages négociés trop rapidement exigent d'avoir le coeur bien accroché en raison du manque de mordant des pneumatiques et de la propension du véhicule à tirer tout droit (sous-virage).

Le véhicule est néanmoins stable, mais la puissance de son propulseur apparaît en décalage avec le châssis, qui gagnerait à offrir un comportement plus dynamique et une direction apte à mieux communiquer l'orientation des roues avant.

Considérant le faible empattement de cette auto, le confort est adéquat, pas exceptionnel.

La suspension arrière sautille un peu, mais le plus étrange est le bruit de roulement (pneumatiques et suspension) qui paraît surdimensionné. Une auto classique avec moteur thermique produit les mêmes sons, mais le bruit que ce dernier émet nous empêche de les remarquer.

Rapidement, on prend goût à cette auto qui semble davantage glisser que rouler sur le bitume. Sa conduite nous révèle une expérience inusitée et nous invite à ranger au vestiaire certains de nos automatismes, comme celui d'associer la vitesse à l'intensité sonore de la mécanique, par exemple. Comme tout véhicule électrique, la Bolt donne l'impression de circuler en roue libre. Évidemment, il faut ouvrir l'oeil et se méfier, lors de vos passages en ville, des piétons ou des cyclistes qui ne vous entendront pas surgir.

Un grand écran pour se divertir

Puisque personne - enfin, presque - ne remarquera qu'il s'agit un véhicule électrique, l'impression de singularité de la Bolt est tout intérieure.

En fait, tout comme dans les produits Tesla, la pièce maîtresse de l'habitacle est sans contredit l'écran tactile - d'une taille comparable à la petite tablette électronique que vous avez peut-être entre les mains ? - intégré dans la partie centrale pour s'assurer que tous les occupants puissent le consulter. Toutes les fonctions essentielles du véhicule sont accessibles par cette interface.

Une liaison internet est également offerte, moyennant un supplément. C'est joli, instructif et bien réalisé. En revanche, cela ne peut faire oublier le dessin un peu mastoc du tableau de bord, dont la profondeur rappelle vaguement la défunte fourgonnette Uplander de Chevrolet qui nécessitait pratiquement l'utilisation d'une perche et d'un chiffon pour nettoyer la partie intérieure du pare-brise.

On trouve également à redire, vu la somme demandée, sur l'aspect peu valorisant des matériaux qui habillent l'habitacle.

Considérant la visibilité très moyenne de ce véhicule - latérale et arrière -, mieux vaut acheter l'option qui regroupe les capteurs d'angles morts et de marche arrière (895 $). À noter qu'au même titre qu'un véhicule à moteur à combustion, la Bolt propose de petites gâteries allant des sièges et volant chauffants à un rétroviseur à coloration électrochimique, pour ne nommer que ces trois-là.

Il est possible d'éviter ces débours supplémentaires en optant pour la version Premier, mieux équipée et naturellement plus chère. Ce qui incluerait le fil prolongateur, qui est un fil de recharge laissé à la maison, en plus de celui qui reste toujours dans coffre.

La Bolt installe les occupants des places avant en position haute sur des sièges offrant un maintien acceptable, sans plus. Les rangements ne sont pas légion, mais on remarque avec plaisir que deux prises USB figurent à l'arrière. Les occupants de la banquette bénéficient en outre d'un dégagement important sous pavillon, d'un plancher plat qui ajoute à l'impression d'espace. Le hayon s'ouvre sur un coffre au volume adéquat, modulable et, qui plus est, facile à charger.

Toujours anxieux de tomber en panne ? La Bolt repousse notablement cette limite et, ce faisant, incitera la concurrence à renchérir. Cette Chevrolet pourrait aussi très bien marquer le véritable départ du véhicule électrique qui, jusqu'ici, n'a convaincu qu'une poignée de convertis.