Chrysler a opéré un spectaculaire redressement sous la houlette de son patron Sergio Marchionne, qui n'a toutefois pas encore gagné son pari: il lui reste à faire décoller les bénéfices du constructeur, le réintroduire en Bourse et finir sa fusion avec Fiat.

Alors qu'en 2009 Chrysler avait déposé son bilan, acculé de dettes, avec des ventes déprimées et une gamme ayant perdu son attractivité, le troisième constructeur américain affichait lundi au salon de Detroit sa forme retrouvée.

Restructuré et adossé à l'italien Fiat, qui le contrôle à 58,5%, et grâce aux milliards de dollars injectés par le gouvernement américain à sa sortie de faillite, il s'est délesté de plusieurs marques pour se concentrer sur Jeep, Dodge, Ram et Chrysler. Le fabriquant américain a drastiquement amaigri son réseau de concessionnaires, aplani sa hiérarchie et rénové toute sa gamme de véhicules.

«Les produits forts génèrent de fortes ventes», s'est félicité Reid Bigland, directeur de la marque Dodge, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a présenté la Dart, une berline compacte et économe à l'allure sportive.

En 2011, Chrysler a affiché un bond de 26% de ses ventes aux États-Unis, soit la plus forte progression du marché.

Côté bilan, les comptes sont stabilisés, mais le constructeur reste très en retard par rapport à ses concurrents Ford et GM.

En renégociant ses taux d'intérêt auprès de banques, il a pu rembourser les prêts du gouvernement américain et réduire le poids de sa dette mais il restait en perte nette de 42 millions de dollars sur les trois premiers trimestres 2011. Il table sur trois milliards de dollars de bénéfice opérationnel cette année mais ne s'est pas aventuré à prévoir de bénéfice net.

«GM et Ford sont en train de rapidement devenir des entreprises très rentables. Pour Chrysler c'est en cours», a estimé David Cole, directeur du Center for Automotive Research, interrogé par l'AFP.

«La première étape était d'améliorer la qualité de leurs produits, et ils l'ont fait. C'est pour ça que leurs ventes ont autant augmenté», a-t-il ajouté. «La deuxième étape maintenant c'est d'intégrer leurs produits» avec ceux de Fiat.

L'emblématique Fiat 500, lancée l'an dernier aux États-Unis, n'y a pas rencontré le succès escompté. «C'est à moi que revient la faute, c'est moi qui ai fixé la cible de 50 000 voitures» aux États-Unis, a admis le patron de Fiat et Chrysler lundi, alors que seules 19 769 unités ont été écoulées.

Maserati et Alfa Romeo

Une Maserati sera produite aux États-Unis début 2013 et il est «très probable qu'une Alfa Romeo» soit également fabriquée au pays de l'Oncle Sam, a également noté M. Marchionne.

Le retour en Bourse est l'une des étapes importantes, et n'interviendra pas avant début 2013.

Quant à la fusion de Fiat et Chrysler, elle sera achevée d'ici 2015, a promis lundi le dirigeant italien, vêtu de son habituel pull-over noir et arborant sur les stands du salon de Detroit une toute nouvelle barbe grisonnante.

«D'un point de vue opérationnel (Fiat et Chrysler) marchent déjà comme une seule et même entité», a-t-il assuré, notant que les prochaines étapes seraient la définition d'une «structure juridique» pour la nouvelle entité, la localisation de son siège social faisant partie de l'équation.

Une implantation aux Pays-Bas est notamment envisagée pour des questions fiscales et pour ménager les susceptibilités.

«Les Européens verraient cela comme une victoire et les Américains n'en auraient cure» du moment que Chrysler continuerait à bien marcher, a-t-il conclu.