Le groupe automobile italien Fiat a terminé l'année 2012 largement bénéficiaire grâce aux gains de son allié américain Chrysler et réaffirmé à la fois l'«irréversibilité» de leur mariage et sa fidélité à son Italie natale.

Pour la seconde année consécutive, le constructeur turinois n'a dû son salut qu'à Chrysler, dont il a pris le contrôle en juin 2011 et dont il détient actuellement plus de 60% des parts, en attendant de pouvoir en acquérir la totalité d'ici 2015.

Fiat a dégagé en 2012 un bénéfice net de 1,411 milliard d'euros, supérieur aux attentes des analystes (environ 1,3 md EUR) quoiqu'en recul de 14,5% par rapport à l'année précédente, a indiqué le groupe mercredi en présentant ses résultats provisoires.

Mais ce chiffre concentre deux réalités différentes: Chrysler a connu une «année exceptionnelle» et a enregistré un bénéfice net quasiment décuplé à 1,7 milliard de dollars. Fiat a pour sa part dû admettre que sans Chrysler, le groupe aurait essuyé une perte nette de 1,041 milliard d'euros en 2012.

L'Europe demeure un point noir pour le constructeur, en particulier le marché italien qui l'a vu naître, avec une chute de 20% des ventes en 2012, qui l'a ramené au niveau de 1979. Dans la région dite EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique), Fiat a vu son chiffre d'affaires chuter de 11%. Par contraste, il affiche des hausses de 29% en Amérique du Nord et de 50% en Asie-Pacifique.

Malgré ces difficultés, que le directeur général de Fiat Sergio Marchionne a parfois dépeintes sous le néologisme de «carmaggedon», le groupe n'entend pas quitter l'Italie, ont réaffirmé ses dirigeants lors de l'inauguration mercredi matin à Grugliasco (près de Turin) d'une nouvelle usine appelée à produire les nouvelles Maserati, l'une de ses marques de luxe avec Ferrari.

«Nous avons fait des choix difficiles pour pouvoir continuer à produire en Italie», a déclaré le président du groupe, John Elkann, petit-fils du célèbre patron historique de Fiat, Gianni Agnelli.

Principal employeur privé du pays, Fiat est régulièrement soupçonné de vouloir quitter l'Italie, un marché peu rentable et doté d'une législation du travail jugée contraignante. Son alliance avec Chrysler par-delà l'Atlantique n'a fait que renforcer le ressentiment d'une partie du pays et de la classe politique envers le groupe qui se plaint de son côté de voir son cas «politisé».

Fiat a également confirmé qu'il n'entendait nullement renoncer à fusionner entièrement avec Chrysler, en dépit des difficultés qu'il rencontre avec son actionnaire minoritaire, le fonds Veba, un organisme rattaché au syndicat automobile UAW. Ce dernier a récemment annoncé son intention de faire coter en Bourse une partie de ses 16,6% d'actions de Chrysler.

Malgré ces démarches, le processus de fusion «est irréversible», a affirmé M. Marchionne. «Je ne vois pas l'avenir de Chrysler et de Fiat séparément. Je les vois comme une seule entité. Et à un moment donné, nous devons trouver le moyen de les fusionner parce qu'ils ont commencé à construire un avenir commun en 2009 et c'est inextricable». Les négociations avec Veba «se résument fondamentalement à une question d'argent», a-t-il expliqué.

Dans l'optique de «maintenir un niveau élevé de liquidités», Fiat devrait d'ailleurs s'abstenir de verser un dividende à ses actionnaires. Cette perspective a été très mal accueillie en Bourse et le titre a durement chuté de 4,83% à 4,456 euros en clôture à Milan. Le groupe a également dû admettre que sa dette allait continuer d'augmenter cette année à environ 7 milliards d'euros, contre 5,5 mds EUR fin 2011 et 6,5 mds EUR fin 2012.