Le marché des berlines intermédiaires est encore à ce jour le plus important aux États-Unis. Près de 18% des véhicules vendus chez nos voisins du Sud sont des Accord, des Camry, des Altima et autres Fusion. En fait, la Camry a été la voiture la plus vendue au pays de l'Oncle Sam pour la 12e année consécutive.

C'est dire à quel point cette catégorie est importante, et ça met d'autant plus en lumière la remarquable faiblesse de Chrysler. Sa tiède 200 arrive en 17e place, avec seulement 30% du volume de ventes accaparé par la Camry. Les concessionnaires Chrysler étaient donc franchement impatients de voir arriver la nouvelle mouture de la berline.

C'est maintenant chose faite, et Chrysler s'est résolument donné les moyens de ses ambitions. «On a investi 1 milliard de dollars dans la nouvelle usine de Sterling Heights, où est construite la nouvelle 200. C'est beaucoup d'argent, nous a avoué en entrevue Al Gardner, PDG de Chrysler. Tout cet investissement a été fait pour une seule raison: battre la concurrence, une caractéristique à la fois.»

M. Gardner soutient que la nouvelle 200 offrira des équipements que l'on trouve normalement sur des voitures haut de gamme. Difficile de le contredire; les versions les plus équipées de la 200 offriront des technologies dernier cri comme le système d'infodivertissement UConnect et son écran tactile de 8,4 po, un régulateur de vitesse adaptatif, un système de freinage d'urgence automatique et un correcteur de trajectoire si l'auto dévie de sa course.

«C'est possible d'offrir toutes ces caractéristiques à cause des économies d'échelle réalisées par le partage de technologies entre nos modèles, a soutenu M. Gardner. La 200 est construite sur la même plateforme que la Dart, le Cherokee et l'Alfa Romeo Giuletta. Aussi, certains équipements conçus pour le Grand Cherokee trouvent leur place dans la 200.»

La 200 se démarque aussi de la concurrence grâce à sa transmission automatique à neuf vitesses avec son sélecteur rotatif installé sur la console centrale, sous laquelle on a pu aménager un pratique espace de rangement - idéal pour des gants et une tuque, par exemple. Aussi, il est possible de l'équiper d'un rouage intégral qui se découple automatiquement des roues arrière quand elles ne sont pas sollicitées.

Toutes ces belles choses sont inutiles si l'auto a une allure un peu quelconque, comme l'actuelle 200 justement. Mais on doit avouer que les designers de Chrysler ont eu le coup de crayon heureux - ce sera d'ailleurs la nouvelle signature visuelle du numéro 3 américain. Les lignes sont sobres, harmonieuses, élégantes, avec juste ce qu'il faut de dynamisme. Le genre qui risque de bien vieillir. Rien de révolutionnaire, on s'entend, mais ce n'est pas ce que la clientèle cible cherche.

C'est bien d'être joli, mais est-ce que ça tient la route? Qu'en est-il de la fiabilité et de l'image de marque, malmenées pendant plusieurs années dans les sondages de JD Power et de Consumer Reports? «On a fait 17 millions de milles d'essai sur la route et sur le dynamomètre. On n'a rien voulu laisser au hasard», nous a expliqué Al Gardner, qui a pris la direction de Chrysler il y a tout juste trois mois. «C'est de cette façon que nous allons améliorer notre image. Mais il faut y mettre le temps. Prenez l'exemple de Kia et de Hyundai: ils ont mis des années à changer leur image, mais ils ont réussi en offrant de bons produits.

«On sait que les clients de cette gamme de voitures cherchent avant tout un moyen de transport, de la fiabilité et une excellente consommation d'essence. Mais on veut leur offrir plus», a souligné M. Gardner.

Un quatre-cylindres économique

Deux moteurs animent la mouture 2015 de Chrysler 200 2015, le quatre-cylindres 2,4 L MultiAir Tigershark de 184 ch et 173 li-pi de couple et le V6 Pentastar de 3,6 L dont la puissance a été portée à 295 ch et 262 li-pi de couple. Le quatre-cylindres est particulièrement économique, avec une consommation projetée sur autoroute de 5,7 L aux 100 km, soit une amélioration de 19 % par rapport au modèle actuel. Le prix de base sera de 22 495 $ pour la version d'entrée de gamme LX, alors que la version C tout équipée franchira tout juste la barre des 30 000 $.

Photo Tony Ding, AP