Le constructeur automobile Fiat Chrysler a confirmé mardi son enracinement américain et ses attaches italiennes en mettant la renaissance d'Alfa Romeo, symbole de la «Dolce Vita», au centre de sa stratégie des cinq prochaines années.

Plus d'un siècle après sa création, la marque au blason frappé du serpent des Visconti, en décadence depuis de longues années, va pouvoir de nouveau scintiller sur les routes.

Alfa Romeo va bénéficier d'une enveloppe de 7,6 milliards de dollars pour fabriquer huit nouveaux modèles au design et à la qualité de moteurs équivalents aux rivaux allemands BMW et Mercedes, selon le dernier plan stratégique présenté mardi à Auburn Hills, dans le Michigan (nord des États-Unis). C'est le troisième plan en huit ans de l'ex-Fiat, devenu Fiat Chrysler Automobiles (FCA) après sa montée à 100% du capital du constructeur américain Chrysler en janvier.

À l'instar des modèles exclusifs de Maserati, les nouvelles voitures, dont deux VUS et quatre berlines haut de gamme ou de gamme moyenne supérieure, vont reposer sur une nouvelle plate-forme à propulsion, comme les BMW ou les Mercedes.

Le groupe de l'emblématique PDG Sergio Marchione va aussi mettre à contribution son autre bijou, Ferrari: les futures grandes Alfa vont utiliser des composants de la marque au cheval cabré et deux responsables expérimentés de Ferrari vont superviser les opérations. Pas moins de 600 ingénieurs, soit trois fois le nombre actuel, vont travailler sur ces projets.

Le premier modèle du renouveau arrivera chez les concessionnaires en 2015. Selon les médias américains, ce véhicule remplacerait la 159 et devrait être baptisé Giulia. Le fameux Spider Alfa des années 1960 devrait aussi revoir le jour.

«C'est un nouveau départ, la meilleure approche», se réjouit le groupe.

Assemblage en Italie 

Alfa Romeo, qui était dans les années 1960 une marque de modèles sportifs très prisée, comme BMW aujourd'hui, espère écouler 400 000 voitures par an à partir de 2018, contre 74 000 en 2013.

FCA a assuré qu'une partie de la production (moteurs) ainsi que l'assemblage des nouveaux modèles seront effectués en Italie, où la classe politique s'était inquiétée de possibles délocalisations.

La production du premier modèle, actuellement en développement, va démarrer au deuxième trimestre 2015 et le reste suivra entre 2016 et 2018, précise Fiat Chrysler, qui doit par ailleurs publier ses résultats trimestriels mardi.

Après le renouveau de Maserati, le constructeur prend ainsi à bras le corps le destin d'Alfa Romeo, qui doit son aura à des pilotes comme Enzo Ferrari. La marque commercialise aujourd'hui trois modèles (la Mito, la Giuletta et le coupé 4C). Fin 2012, elle avait annoncé un quatrième modèle, un cabriolet qui ferait plate-forme et usine communes avec Mazda. La production devrait débuter à Hiroshima (Japon) début 2015.

Outre Alfa-Romeo, FCA fonde également des espoirs sur ses marques américaines Jeep et Chrysler.

Il entend plus que doubler sa production de 4x4 de la marque Jeep d'ici 2018, à 1,9 million de véhicules, avec l'ouverture de nouvelles usines et un accent particulier mis sur la Chine, le premier marché automobile mondial, et l'Amérique latine.

La famille Chrysler va, elle, accueillir de nouveaux modèles comme la 100, une nouvelle compacte, censée rivaliser avec la Toyota Corolla, et un multisegement hybride pour concurrencer la Ford Edge et la Nissan Murano à partir de 2016. Son segment familial (Chrysler Town et Country) sera aussi renforcé.

Le groupe automobile va en revanche abandonner la production de deux modèles de sa marque Dodge, dont les ventes sont en baisse: la Dodge Grand Caravan et la Dodge Avenger Sedan.

Les ventes de véhicules de la marque Fiat vont pour leur part augmenter de 1,3 million d'unités actuellement à 1,9 million d'ici 2018.

L'essentiel de cette croissance viendra de l'Asie où les ventes passeront de 70 000 à 300 000 véhicules, de l'Amérique du Nord (de 50 000 à 100 000) et de l'Amérique latine (700 000 à 800 000). En Europe, son premier marché, les ventes des modèles Fiat vont rester stables sur cinq ans à 700 000, anticipe le constructeur.