Ford a le vent dans les voiles au Canada. Premier constructeur du pays depuis maintenant trois ans, cela fait près d'un demi-siècle que le constructeur américain est le chouchou des amateurs de camionnettes canadiens. Quarante-sept ans pour être plus précis.

Avec la présentation à Detroit du concept Atlas, qui préfigure le prochain F-150, prévu en 2015, Ford n'a pas du tout l'intention de baisser la garde, lui qui a vendu un nombre record de 106 000 camionnettes pleine grandeur au pays en 2012.

Mais le gros camion porte ombrage au reste de la gamme de Ford. «On est souvent perçus au Québec comme une marque de camions, a reconnu Bertrand Lessard, directeur régional de Ford au Québec. Notre objectif est précis: on veut figurer sur la liste d'épicerie des acheteurs de voitures et ainsi augmenter notre part de marché dans la catégorie. On y arrive lentement mais sûrement.»

Le problème est que Ford a semblé négliger les acheteurs de voitures. Qui ne se souvient pas de la triste Focus, vendue chez nous entre 2008 et 2011 alors qu'il existait en Europe une version de la compacte beaucoup plus sexy? «Nos concessionnaires étaient impatients de voir arriver de nouvelles voitures, c'est vrai, a confié M. Lessard lorsque La Presse l'a rencontré au salon de l'auto de Montréal. Le problème était que certains modèles que nous avions en Europe n'étaient pas encore adaptés à notre marché. Cela dit, on peut parler du passé, mais ça ne sert à rien. Les produits sont là maintenant.»

Les produits, ce sont surtout la Fiesta, la Focus et l'Escape. Et leur importance est primordiale, compte tenu du fait que les catégories des sous-compactes, des compactes et des petits VUS sont celles les plus chèrement disputées de l'industrie. Tout particulièrement au Canada et au Québec.

«Les plus beaux défis qui s'offrent à nous sont dans les catégories compactes et sous-compactes, a déclaré Dianne Craig, présidente de Ford Canada. C'est là le véritable champ de bataille du secteur automobile. Mais je suis vraiment fière de ce que nous avons à offrir et je suis très optimiste que la Fiesta et la Focus auront un impact appréciable sur nos ventes en 2013.»

Le Québec en tête

Les camions occupent une large part de marché dans l'Ouest, à l'opposé du Québec, qui est amoureux de voitures. Et Ford l'a noté.

«Il y a deux concessionnaires du Canada au comité du développement de produits futurs de Ford, à Detroit. Il y en a un de l'Ouest, et l'autre du Québec, explique Bertrand Lessard. Le premier, pour donner un son de cloche à propos des camions, le deuxième, au sujet des voitures. Les gens de Ford savent que les voitures, c'est ici que ça se passe.»

Ford Canada soutient que les ensembles d'options de ses véhicules sont pensés en fonction des besoins particuliers de sa clientèle. Pourrait-on pousser le bouchon et offrir au Canada des voitures qui ne sont pas offertes ailleurs en Amérique du Nord? Pourrait-on par exemple voir arriver chez nous le petit EcoSport, un VUS compact construit sur la base de la Fiesta et vendu en Inde, en Chine et en Amérique latine? «Nous continuons de développer des plateformes globales, ce qui nous donne accès à une vaste gamme de véhicules, a dit Mme Craig, en entrevue avec La Presse au salon de Detroit. À l'avenir, je dirais que tout est possible. Nous pourrions avoir un véhicule qui est bien adapté au Canada mais qui ne l'est pas pour les États-Unis. Rien ne dit que nous ne pouvons pas prendre nos propres décisions. Pas que nous ayons quelque chose à annoncer, cela dit!»