Si vous êtes employé ou actionnaire d'une aluminerie active au Québec, vous avez intérêt à ce que fonctionne le prochain projet de Ford pour le F-150.

L'aluminium a toujours eu une image de «métal mou» chez les utilisateurs de camionnettes en Amérique du Nord. Le métal macho, c'est l'acier et l'attitude est "rien d'autre dans mon pick-up!", l'alu, c'est pour les canettes de bière...

En réalité, il y a déjà un peu d'aluminium dans les F-150 et toutes les autres camionnettes sur le marché. Mais Ford a décidé qu'un vrai virage vers l'aluminium est essentiel pour que le lucratif F-150 survive aux nouvelles normes de consommation d'essence américaines.

Le gros lot

L'aluminium est plus léger que certains alliages d'acier et Ford a déjà dit qu'une bonne partie de la carrosserie du F-150 2015 sera en aluminium. Mais les analystes qui suivent le marché des métaux pensent que l'industrie de l'aluminium est à la veille de toucher le gros lot: après la carrosserie, les alumineries ont un oeil sur des pièces de structure interne, le moteur et peut-être même un jour, qui sait, le châssis des camionnettes. Pour les alumineries, ça pourrait «laisser présager la tendance la plus transformatrice» depuis... l'avènement de la canette d'aluminium, justement, dit l'analyste boursier Lloyd Carroll, de Davenport & Co., cité par l'agence Bloomberg News. Le F-150 est le véhicule le plus populaire en Amérique du Nord et un passage à l'alu serait un déclencheur pour toute l'industrie automobile, estiment plusieurs analystes.

Vers une hausse du prix de l'aluminium

Les constructeurs automobiles représentent déjà 17% de la demande mondiale d'aluminium et achètent environ 10 millions de tonnes métriques d'aluminium par année. L'utilisation exhaustive de l'aluminium dans la construction des camionnettes serait un événement économique substantiel et donnerait un coup de pouce au prix mondial de l'aluminium, qui était de 2670 $ US la tonne en avril 2011, et qui est maintenant au-dessous de 1800 $ US la tonne.

L'analyste Kenneth Hoffman, de Bloomberg Industries, pense que la demande nord-américaine d'aluminium augmenterait de 40% si l'industrie automobile adoptait l'aluminium à la hauteur de son potentiel comme métal de base.