Donald Trump, le candidat républicain à la Maison-Blanche, a déclaré mercredi que Ford ne devrait pas être autorisé à délocaliser la production de ses voitures citadines au Mexique comme il a l'intention de le faire.

«On ne devrait pas laisser faire ça», a déclaré M. Trump en visite à Flint, ville du Michigan, ancien bastion de la production automobile en déclin depuis 20 ans et récemment secouée par un scandale sanitaire lié à la contamination au plomb de l'eau.

Une résidente de Flint, au Michigan, Lola Reid, 60 ans, montre qui elle appuie. Photo: AP

«Une mauvaise nouvelle pour le Michigan»

«C'est une mauvaise nouvelle pour le Michigan», a dit le candidat républicain durant sa visite à l'usine de purification d'eau de Flint, au Michigan.

Cet État, berceau de l'automobile américaine, a souffert aux lendemains de la crise de 2009 et des crises économiques précédentes, du fait de la moindre domination des «Trois grands de l'auto» (GM, Ford et ex-Chrysler). Certaines régions comme Flint sont carrément sinistrées et sont représentatives de la désindustrialisation du Midwest américain.

Chantre d'un patriotisme économique avec ses slogans «Made in USA» et «Make America Great Again», M. Trump a critiqué durement les multinationales américaines qui délocalisent leur production à l'étranger. 

Ce sujet est un de ses principaux angles d'attaque dans les zones en difficultés économiques frappées par la désindustrialisation. Outre Ford, le géant de l'informatique Apple est aussi une de ses principales cibles.

Les élections américaines pourraient se jouer dans les États de la «Rust Belt» (la ceinture de rouille), au Midwest et dans l'Est, frappés par la disparition de nombreux emplois de cols bleus bien payés. On voit ici une usine d'aluminium ayant fermé en 2014 à Hannibal, en Ohio. Photo: AP

«Rien ! Nous n'aurons rien, à l'exception du chômage à Flint et dans le Michigan. C'est affreux!», a tonné Donald Trump, réagissant aux déclarations un peu plus tôt de Mark Fields, le directeur général de Ford.

Le plan de Ford: les petites au Mexique, les gros aux États

«Sur les deux, trois prochaines années, nous allons transférer la production de toutes nos petites voitures des États-Unis vers le Mexique», avait indiqué M. Fields à des investisseurs un peu plus tôt dans la journée, selon la presse américaine.

Cette annonce n'est pas une surprise car toute l'industrie automobile a de la difficulté à faire des profits avec les petites voitures, qui dégagent moins de profits que les gros véhicules que les nord-américains préfèrent.

Ford fabrique la Focus à l'usine de Flint, au Michigan, mais transférera éventuellement cette production au Mexique. Les observateurs de l'industrie automobile pensent que Ford veut utiliser la capacité de production ainsi libérée à Wayne pour y fabriquer le pick-up intermédiaire Ranger et le VUS 4X4 Bronco, deux modèles éliminés il y plusieurs années mais appelés à renaître. 

Pour ses compactes, Ford avait annoncé début avril un investissement de 1,6 milliard de dollars US dans un nouveau site au Mexique où la main d'oeuvre est bon marché comparé aux États-Unis.

Cette usine, dans l'État de San Luis Potosi (centre-nord du Mexique), sera spécialisée dans la construction de sous-compactes et sera opérationnelle en 2018, avait précisé Ford qui compte y créer 2800 emplois directs. Ford veut utiliser sa capacité de production aux États-Unis pour des véhicules plus gros et plus payants.

Au-delà de Ford, la délocalisation des sites de production opérée récemment par les groupes automobiles américains malgré des ventes record se retrouve dans la ligne de mire des politiques et des élus locaux parce que certains de ces constructeurs ont été sauvés de la faillite en 2009 avec des fonds publics.

Toutefois, Ford est le seul membre des Trois de Detroit n'ayant pas eu besoin du sauvetage public car le groupe a préféré engager une lourde restructuration avec à la clé des fermetures d'usines et des milliers de suppressions d'emplois.

La Ford Focus est assemblée à l'usine de Wayne, au Michigan, mais l'Ovale Bleu veut transférer au Mexique la production de toute ses petites voitures. Photo: AFP

Le Ford Ranger, très populaire en Asie et en Amérique du Sud, pourrait renaître en Amérique du Nord et être assemblé à Wayne, au Michigan. Photo: Wikipédia

Ford prévoit une baisse des profits en 2017

Le constructeur automobile Ford a prévenu mercredi que ses résultats 2017 allaient être moins bons qu'en 2016, en raison de gros investissements prévus dans les technologies des véhicules autonomes et électriques.

«Les résultats de 2017 devraient baisser comparé à 2016 mais s'amélioreront par la suite en 2018», a indiqué le deuxième constructeur américain, qui se présente désormais comme un groupe «automobile et un spécialiste de la mobilité».

Ford n'a toutefois donné aucun chiffre. Les analystes prévoient, eux, jusqu'ici une hausse des résultats.

Investir en 2017 pour récolter après, prédit Ford

«Le déclin en 2017 est le résultat d'une hausse des investissements et des coûts pour (profiter) des opportunités qui émergent», explique la marque à l'Ovale bleu.

La semaine dernière, Ford avait déjà averti que son bénéfice avant impôts 2016 devrait s'établir à 10,2 milliards de dollars en Amérique du nord, contre une prévision de 10,8 milliards prévus auparavant.

Ce pessimisme était dû à une hausse de la facture des réparations de 2,38 millions de véhicules rappelés pour un problème de serrure de portière.

Outre ces éléments inattendus, Ford multiplie les avertissements sur le plafonnement, selon lui, du marché automobile américain. Le groupe a encore répété cette semaine que les ventes de véhicules devraient baisser en Amérique du nord pour le reste de l'année.

Si l'enveloppe destinée aux investissements augmente, le groupe de Deaborn entend en parallèle réduire ses coûts de 3 milliards de dollars par an de 2016 à 2018. La trésorerie devrait rester positive sur cette période et s'afficher au-dessus de la barre de 20 milliards de dollars, a indiqué Ford dans des documents devant être présentés aux investisseurs mercredi.

13 modèles électriques d'ici 2020

Ford envisage de lancer d'ici 2020 13 modèles électriques, ce qui représenterait une hausse de 40% de la gamme actuelle et investira 4,5 milliards de dollars sur ce créneau.

Le groupe, qui a promis de produire des voitures autonomes en série à l'horizon 2021, a annoncé jeudi que ces véhicules présentés comme l'avenir à moyen terme de l'automobile, pourraient compter pour 20% des ventes automobiles à la fin de la prochaine décennie.

Pour profiter de ce boom potentiel, Ford a annoncé ces derniers mois une série de rachats de startups développant différentes technologies censées permettre aux voitures de se conduire seules.

Les voitures autonomes sont l'un des secteurs les plus en pointe dans la recherche automobile, les constructeurs et groupes technologiques rivalisant d'annonces pour présenter des voitures capables de se conduire et de se diriger toutes seules.

Mercredi, Uber a pris une avance en débutant à Pittsburg (est des Etats-Unis) un service de location de voiture sans conducteur.