Le constructeur américain General Motors (GM) a quasiment doublé la somme qu'il va mettre de côté pour réparer les millions de véhicules associés à 13 morts rappelés tardivement en février et a annoncé de premières sanctions internes.

Alors qu'il prévoyait de provisionner jusqu'ici 750 millions de dollars, le groupe automobile a porté jeudi ce montant à 1,3 milliard de dollars pour effectuer les réparations prévues d'environ 7 millions de véhicules rappelés depuis le début de l'année pour différents incidents techniques.

Au total, GM va passer 1,7 milliard de dollars de provisions dans ses comptes trimestriels puisqu'il a fait savoir la semaine dernière que la dévaluation du bolivar vénézuélien allait le contraindre à inscrire une autre charge de 400 millions de dollars.

Le premier constructeur automobile américain précise néanmoins qu'il prévoit d'enregistrer une performance opérationnelle «solide» au cours des trois premiers mois de l'année.

Les analystes s'attendent à un bénéfice courant par action hors éléments exceptionnels, mesure privilégiée à Wall Street, de 42 cents en moyenne.

À la Bourse de New York, le titre n'a pas beaucoup été pénalisé en perdant seulement 0,95% à 33,30 dollars dans un marché ayant clôturé en forte baisse.

Entre mi-février et fin mars GM a rappelé 2,6 millions Chevrolet Cobalt, Pontiac 5, Saturn Ion et Sky et Solstice produites entre 2003 et 2011, pour un défaut du commutateur d'allumage ayant empêché les airbags de se déployer.

Ce problème a été lié à une trentaine d'accidents qui ont provoqué la mort de 13 personnes, ce qui lui vaut d'être au centre d'une triple enquête (du département de la Justice, de l'agence américaine de sécurité routière NHTSA et du Congrès).

La NHTSA a décidé d'infliger une amende de 7000 dollars par jour au constructeur qui  n'a pas respecté le délai (3 avril) auquel il devait lui communiquer des documents sur cette affaire.

Outre le remplacement des deux premières pièces défectueuses détectées, General Motors prévoit désormais de changer aussi le cylindre de verrouillage sur les mêmes véhicules, dont le dysfonctionnement, a-t-il expliqué jeudi, peut causer un accident.

Il a reçu plusieurs centaines de plaintes de clients estimant avoir rencontré ce problème, tandis que des données gouvernementales font état d'un accident et d'un blessé, détaille GM.

Les premières têtes tombent 

Des premières têtes sont également tombées, deux mois quasiment après le début de cette crise qui ternit l'image du groupe remis en selle en juillet 2009 par l'argent des contribuables.

La patronne Mary Barra a mis en congé deux ingénieurs, après une rencontre avec l'avocat de renom Anton Valukas, qui conduit une enquête interne.

«C'est une étape intermédiaire alors que nous cherchons la vérité sur ce qui s'est passé», a prévenu Mme Barra.

Elle répond ainsi à la colère des élus américains exprimée lors de ses deux jours d'audition devant le Congrès la semaine dernière.

Mettant en cause des ingénieurs, ces derniers s'étaient étonné de voir que le groupe de Détroit n'avait toujours pas coupé de têtes, alors même qu'il était avéré que des techniciens étaient au courant du défaut mécanique en 2001, soit une dizaine d'années avant les rappels.

Le chef des ingénieurs de la Chevrolet Cobalt, Ray DeGiorgio, avait été montré du doigt.

Dans la droite ligne de sa transformation annoncée en une entreprise focalisée sur la «sécurité» et non plus sur les coûts, GM vient aussi de lancer un programme dit de promotion de la sécurité.

Le but, explique Mary Barra, est de faire émerger des idées originales pour mieux sécuriser les véhicules fabriqués par GM et d'éviter de nouveaux dysfonctionnements dans la chaîne de transmission des informations.

«GM doit épouser une culture qui met la sécurité et la qualité avant tout», défend la nouvelle patronne qui a pris ses fonctions fin janvier.

Le groupe automobile, qui pourrait faire face à une action en nom collectif, examine aussi la possibilité d'indemniser les familles des victimes.