Montréal a le BIXI, Paris a Vélib' et Barcelone a Bicing. Et tous ces systèmes de vélo-partage se présentent comme des solutions de rechange à l'auto dans les grandes villes congestionnées.

Mais voilà que General Motors, qui a vendu 9,7 millions de véhicules automobiles en 2013, trouve aussi des vertus à la bicyclette. Le numéro 2 mondial de l'automobile vient d'implanter un système de vélo-partage comparable au Bixi montréalais sur son campus de recherche de Warren, au Michigan, une banlieue éloignée de Detroit.

Le Warren Tech Center a ceci de particulier que c'est un territoire autonome de 1,3 km2 qui a été planifié et construit durant les années 50 selon un plan d'urbanisme et d'architecture centré sur l'automobile. À cette époque, aux États-Unis, on construisait des banlieues sans trottoir où absolument toute activité hors de la maison impliquait des déplacements en auto. Contrairement à ces banlieues étalées, le campus de Warren est un ensemble architectural qui a remporté de nombreux prix. Mais tout se fait par et pour l'automobile dans cette ville-modèle par laquelle GM a affirmé son identité et qui a été inaugurée en grande pompe par le président Dwight Eisenhower en 1956 (plusieurs édifices se sont ajoutés depuis).

Les 61 bâtiments du campus de Warren ont tous de vastes stationnements et sont liés par 18 km de routes privées. Le centre de recherche abrite 19 000 ingénieurs, techniciens, designers et ouvriers spécialisés qui oeuvrent dans des laboratoires, ateliers, studios et toutes sortes d'installations vouées à la recherche automobile.

Du gros bon sens à deux roues

Il n'y a pas de désaveu de l'automobile dans cette décision, juste du gros bon sens, dit GM. Le problème, c'est que les déplacements automobiles au campus sont devenus semblables à ce qu'on vit dans un centre-ville. Marcher jusqu'au stationnement, trouver son auto, rouler dans le trafic jusqu'au bâtiment voisin, trouver une place et aller là où on est attendu prend beaucoup de temps.

«Ce programme de vélo-partage est un bel exemple d'engagement envers nos employés. De plus, ça nous aide à envisager le transport sous un angle différent de celui qui nous est familier», a dit par voie de communiqué le directeur de la viabilité écologique de GM David Tulauskas.

Sur le blogue du personnel de GM, Overdrive, plusieurs employés de Warren ont écrit des commentaires indiquant qu'ils préfèrent de loin le vélo à prendre l'auto ou les navettes de transport en commun du centre. «C'est une super idée, j'ai vraiment hâte de pouvoir pédaler pour me rendre aux réunions au lieu de prendre l'auto et à chercher où stationner, a écrit John Waechter, ingénieur en design. C'est un bon exercice, ça facilite la mobilité et c'est une bonne façon de prendre conscience du transport non automobile.»

Le programme de vélo-partage du Warren Tech Center est une initiative très modeste. Pour l'instant, il n'y a que 50 vélos (pour 19 000 employés) stationnés dans des stations à la porte de sept bâtiments. Six autres bâtiments pourraient être dotés d'une station l'an prochain, a dit GM.

Les vélos sont fournis par Zagster, entreprise privée qui a obtenu le contrat de vélo-partage dans la ville de Detroit. Les vélos semblent beaucoup moins robustes que les BIXI de Montréal (tout comme les stations d'ancrage), mais le fonctionnement du système ressemble à ce qui se fait ici. Les usagers doivent s'inscrire en ligne, puis réserver un vélo grâce à une application sur leur téléphone portable. La réservation procure un code qui permet de déverrouiller le vélo.

Un système de géorepérage permet de localiser les vélos de gérer le parc. Comme ici, les stations sont alimentées par des panneaux solaires. Ça ressemble un peu à ce que BIXI a fait au campus industriel de Blackberry à Waterloo, en Ontario.