General Motors (GM) est passé à l'offensive mercredi en prévoyant dès 2016 un retour aux bénéfices en Europe et une hausse des marges en Amérique du Nord tout en osant un gros pari sur la Chine, premier marché automobile mondial.

Deux jours après le pessimisme de son rival Ford, le premier groupe automobile américain a pris le contre-pied en affichant des ambitions agressives, notamment en Europe.

GM espère repasser dans le vert sur le Vieux Continent à l'horizon 2016 et mise pour ce faire sur une réduction de la voilure malgré des difficultés qui secouent tout le secteur en Russie, at-il annoncé lors de la présentation de son plan stratégique à Detroit (Michigan, nord).

Ces économies seront réalisées via une réduction des capacités et autres frais administratifs et marketing (100 millions de dollars) et le fruit de restructurations  (700 millions de dollars) en cours.

Le groupe américain retire sa marque Chevrolet des marchés européens pour faire place à ses deux autres marques Opel et Vauxhall.

À ces réductions de coûts va s'ajouter le produit de lancements de nouveaux modèles des citadines Opel Corsa et Opel Astra (300 millions de dollars).

Au final, il espère engranger un bénéfice d'exploitation de 1,5 milliard de dollars, contre une perte de 800 millions l'an dernier et -1,9 milliard en 2012. GM a perdu de l'argent ces 16 dernières années en Europe.

14 milliards en Chine

Le constructeur est aussi à l'attaque sur son marché national, l'Amérique du Nord. Il y projette de porter à 10% contre 7,8% en 2013 ses marges opérationnelles. Ford s'attend à une fourchette allant de 8% à 9% à terme.

GM mise sur la nouvelle génération de berline de marque Chevrolet Malibu et compacte Chevrolet Cruze ainsi que sur le VUS Chevrolet Trax. Mais le constructeur veut surtout réduire ses coûts de production qui sont parmi les plus élevés de l'industrie dans cette région.

Le pari le plus osé est sur la Chine. GM veut y investir 14 milliards de dollars, soit 2 milliards de plus qu'annoncé précédemment, entre 2014 et 2018.

Le groupe américain veut ouvrir cinq nouveaux sites et lancer 60 modèles (nouveaux et restylés) dont neuf multisegments.

GM espère ainsi y porter sa part de marché actuellement de 14,6% à 16% d'ici 2018. Elle y est encore devancée par l'allemand Volkswagen.

Pour rattraper et distancer ce rival avec lequel il se dispute la place de deuxième constructeur mondial derrière le japonais Toyota, GM accorde une place centrale à sa marque de luxe Cadillac.

Celle-ci, devenue une entité indépendante, sera désormais basée à Manhattan (New York) avec à sa tête un ancien d'Audi. Elle va être introduite en Chine où l'appétit pour les modèles de luxe est grand.

Cadillac est à bout de souffle avec des stocks trop élevés et est incapable de rivaliser avec Audi, Mercedes ou Lexus (Toyota).

GM, qui dispose d'un trésor de guerre de 39 milliards de dollars, va redistribuer de «solides» dividendes à ses actionnaires. Il n'en a pas précisé le montant.

Le constructeur a distribué en mars son premier dividende (30 cents par action) depuis sa sortie de faillite en 2009.

À Wall Street, après avoir hésité, l'action GM montait fortement de 2,69% à 32,80 dollars vers 11h50. Le titre avait décroché ces derniers jours, les investisseurs piaffant d'impatience.

Depuis neuf mois et l'arrivée de la directrice générale Mary Barra, le groupe automobile est englué dans le scandale de rappels tardifs de 2,6 millions de véhicules pour un défaut du commutateur d'allumage ayant provoqué la mort de 23 personnes.

Mme Barra a mis en place une politique du «risque zéro» consistant à rappeler un véhicule à la moindre alerte et réorganisé le groupe. GM a ainsi rappelé environ 30 millions de véhicules en neuf mois.

La facture est lourde: 2,5 milliards de dollars et les coûts pourraient encore augmenter, GM ayant lancé un programme d'indemnisation des victimes.

Le groupe automobile fait également l'objet d'enquêtes du département de la Justice (DoJ),du gendarme des marchés financiers, la SEC, et du Congrès.