General Motors était confronté lundi à de nouvelles accusations suggérant qu'il a tardé à informer les autorités américaines de défauts techniques sur certains de ses véhicules ayant entraîné des millions de rappels et causé 32 morts.

Alors qu'il croyait avoir relégué au second plan cette affaire qui ternit son image depuis février, GM se retrouve de nouveau sur la défensive: des courriels montrent qu'il a mis deux mois à informer les autorités de la commande en urgence de pièces de rechange visant à réparer ce défaut du commutateur d'allumage.

Ces courriels échangés avec son sous-traitant Delphi Automotive montrent le passage le 18 décembre 2013 d'une commande «urgente» de 500 000 pièces, un jour après une réunion de hauts responsables du constructeur qui avaient été informés du problème, mais n'avaient pas encore décidé de lancer un rappel, a indiqué à l'AFP Bob Hilliard, avocat de victimes présumées ayant eu accès aux dites communications.

«GM a commandé en urgence 500 000 pièces de rechange pour réparer le commutateur d'allumage», a déclaré M. Hilliard, confirmant des informations du Wall Street Journal. Mais «il a attendu pour en informer la NHTSA (l'agence américaine de sécurité routière). Il a menti également aux parlementaires», fustige le conseil.

Lors des auditions au Congrès de sa directrice générale Mary Barra et d'autres hauts responsables au printemps et à l'été, GM n'a jamais fait mention de cette commande.

Le premier groupe automobile américain avait finalement annoncé en février le rappel de 2,6 millions de Chevrolet Cobalt, Saturn Ion et Sky, Pontiac 5 et Solstice produites entre 2003 et 2011 à cause d'un défaut dans le commutateur d'allumage empêchant les airbags de se déployer.

Si la plupart des voitures concernées ne sont plus vendues, GM s'est retrouvé la cible de plusieurs enquêtes cherchant à savoir pourquoi il avait autant tardé à agir, alors que le défaut avait été détecté plus de dix ans auparavant.

32 morts

Ces rappels sont associés désormais à 32 décès, auxquels s'ajoutent 35 accidents, dont cinq graves, selon le dernier décompte du constructeur arrêté au 7 novembre.

Dans un courriel lundi à l'AFP, GM botte en touche et préfère mettre en avant les mesures prises par Mme Barra depuis l'éclatement de l'affaire.

«Ces courriels sont la preuve supplémentaire que notre système doit être réformé et nous l'avons déjà fait. Nous avons réorganisé entièrement notre procédure d'enquête et de prise de décision en matière de sécurité», écrit Alan Adler, un porte-parole.

«Nous avons aussi augmenté le nombre d'enquêteurs pour remonter au plus vite les problèmes et prendre les décisions basées sur des données plus fiables».

Une enquête de GM avait conclu à des dysfonctionnements internes, dont un manque de communication entre services, et conduit au licenciement d'une quinzaine de personnes, principalement des ingénieurs et des conseillers juridiques.

Le constructeur a mis en place un fonds d'indemnisation des victimes et prévoit de verser un million de dollars par décès auquel s'ajoutent 300 000 dollars pour le conjoint survivant et 300 000 dollars pour chacun des éventuels ayant-droits.

Si les consommateurs n'ont pas pénalisé GM, les marchés commencent à s'impatienter. Le titre a décroché de 2,06% à 30,96 dollars vers midi.

Dans cette affaire, le groupe automobile est en outre confronté à une montagne de plaintes dans tout le pays. Un premier procès est prévu le 11 janvier 2016.

Les courriels, qui ont été communiqués à la justice par Delphi, devraient alimenter la théorie des plaignants qui accusent GM d'avoir retardé le plus possible les rappels.

«On va s'en servir pour demander des dommages. Si GM avait dit la vérité plus tôt, on aurait pu éviter certains accidents», fait valoir Me Hilliard.

Dans un autre volet de l'affaire, des plaignants cherchent à obtenir de la Justice américaine qu'elle autorise un procès sur les incidents impliquant les voitures défectueuses avant la faillite du groupe en juillet 2009. Des audiences sont en cours actuellement.

Depuis que l'affaire du commutateur d'allumage a été révélée, GM a rappelé quelque 30 millions de véhicules dans le monde pour d'autres problèmes. La facture des réparations est salée et s'élève déjà à 2,5 milliards.