L'armée américaine se met au vert et le Pentagone a passé commande d'un véhicule roulant à l'hydrogène à General Motors (GM) qui sera utilisé vraisemblablement dans des zones de combat, notamment pour des missions de reconnaissance.

Les détails entourant cette voiture électrique produisant sa propre énergie sont encore gardés secrets. Il est par exemple difficile de savoir si elle sera basée sur un modèle déjà commercialisé. Rien n'a non plus filtré sur le lieu de production ni sur la date de début de sa fabrication.

«Nous avons des instructions expresses pour ne rien révéler», assure Dan Flores, un porte-parole de GM, tandis que Doug Halleaux, de l'Army Tank Automotive, Research Development and Engineering Center (Tardec), promet des annonces prochainement.

Selon une source proche du dossier, GM et le Tardec sont en pleine phase de conception et de design de cette voiture équipée d'une pile à combustible qui ne rejette que de la vapeur d'eau.

La technologie à laquelle le premier constructeur automobile américain va avoir recours sera distincte de celle développée depuis 2013 dans le cadre de son partenariat avec le japonais Honda, assure M. Flores. Les deux groupes automobile travaillent ensemble sur un système de propulsion à pile à combustible de nouvelle génération pouvant être construit à moindre coût et en masse.

Le géant de Detroit et le Tardec ont, eux, officialisé leur collaboration en signant un contrat fin septembre.

«C'est un contrat sur plusieurs années pour fabriquer (...) un véhicule de reconnaissance équipé d'une pile à combustible», souligne Doug Halleaux.

Silencieux

Malgré son coût dispendieux et des difficultés spécifiques liées à son infrastructure et au stockage, qui implique de gros réservoirs résistants, l'armée américaine, qui veut s'affranchir de la dépendance à l'essence sur les champs de bataille, trouve plusieurs atouts au véhicule à hydrogène.

Il est considéré comme silencieux (moins bruyant qu'un véhicule classique), ce qui le rend beaucoup plus difficilement détectable par l'ennemi, souligne Dan Flores.

La motorisation à hydrogène dégage peu de chaleur, ce qui est un avantage pour toutes sortes d'opérations de repérage ou de transmission de données, tâches qui nécessitent normalement des générateurs diesel avec toute une logistique derrière pour les alimenter en carburant, poursuit M. Flores. Elle dispose en effet d'une forte puissance électrique, capable d'alimenter divers appareils de transmission et de communication sur le terrain.

«Le véhicule à hydrogène est silencieux, ce qui aide bien évidemment pour un nombre de choses spécifiques que fait l'armée», confirme à l'AFP un haut gradé américain sous couvert d'anonymat.

Non seulement la diminution ou l'élimination des combustibles fossiles pour la génération d'énergie sur les théâtres de guerre simplifie la logistique, mais elle réduit les coûts de maintenance et élimine le risque d'attaque contre les convois de carburant dès lors que des unités mobiles pouvant produire l'énergie nécessaire sont déployées.

Le Pentagone teste ainsi depuis 2012 à Hawaï, un État qui importe le gros de son énergie, des 4x4 à hydrogène fournis par... GM, qui a également livré à l'armée américaine une camionnette roulant à l'hydrogène calquée sur le Chevrolet Silverado. Mais ce véhicule est destiné essentiellement à la livraison de colis.

GM, qui a cédé sa division militaire en 2003 à General Dynamics, fournit aussi depuis août jusqu'à 55 000 moteurs diesel Duramax à l'armée pour le JLTV, le remplaçant du célèbre camion de combat Humvee.

Le groupe automobile espère que les tests du Pentagone (chocs et vibrations à répétition pour les réservoirs d'hydrogène et les durites métalliques qui les relient) sur le nouveau véhicule à hydrogène militaire vont lui permettre de rattraper son retard sur ses concurrents, d'autant qu'il promet une voiture à pile à combustible grand public d'ici 2020.

La guerre de l'hydrogène entre les grands groupes automobile est dominée pour l'instant par Hyundai, qui commercialise sa ix35 depuis 2013 en Californie, et par Toyota et sa Mirai, en vente depuis cette année. Honda promet l'arrivée de sa FCV en mars prochain, tandis que Daimler (Mercedes-Benz) et BMW travaillent chacun sur un modèle de série.