Le géant américain de l'automobile General Motors a affiché mardi un bénéfice sans précédent de 2,77 milliards $ US ou 1,76 $ US par action au troisième trimestre. Ce résultat exceptionnel vient des activités chinoises et d'une meilleure gestion du marché nord-américain.Mais ce portrait est assombri par les risques économiques liés au Brexit, qui créent de vives inquiétudes pour les activités européennes.

Au même moment l'an dernier le constructeur automobile témoignait d'un profit de 1,36 milliard $ US ou 84 cents US par action.

GM attribue cette hausse de 103 % du bénéfice à une réduction des ventes peu profitables aux entreprises de location de voitures, à sa performance solide en Chine et à la réduction de ses coûts.

Son bénéfice ajusté s'est chiffré à 1,72 $ US par action, tandis que Wall Street prédisait 1,46 $ US par action.

Les revenus trimestriels de GM ont également établi un nouveau record en atteignant 42,8 milliards $ US. Ses ventes trimestrielles ont toutefois chuté de 4 pour cent aux États-Unis.

Les ventes de voiture commencent à ralentir aux États-Unis, après que 17,5 millions de véhicules --un nombre sans précédent-- aient été vendus l'an dernier.

GM a beaucoup de succès en Chine. Même les moines bouddhistes magasinent des autos dans ses concessions. Photo: New York Times

Gros nuages sur le ciel européen

Cette situation générale très favorable fait contraste avec les difficultés de GM en Europe. 

Le géant de Detroit a averti qu'il envisage de nouvelles coupes en Europe, dont une réduction de ses capacités pour limiter l'impact du Brexit. Cela devrait l'empêcher de mettre fin --comme il le prévoyait-- à seize années de pertes sur le Vieux Continent cette année.

La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit), votée par référendum le 23 juin, met en péril l'objectif du groupe automobile américain de revenir à l'équilibre en Europe dès 2016 car elle a entraîné une chute de la livre sterling, a expliqué le directeur financier Chuck Stevens.

«Revenir à l'équilibre cette année va être très très difficile», a déclaré le dirigeant lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Beaucoup de revenus en livres sterling

Le Royaume-Uni est le plus gros débouché des modèles Insignia et Corsa, commercialisés par Opel, la filiale européenne de GM.

Pour essayer de limiter la casse, le propriétaire des marques Chevrolet et Cadillac a augmenté ses prix de 2,5% au 1er octobre mais doute fort, selon Chuck Stevens, que cela suffise à contenir le manque à gagner dû à la dépréciation de la livre.

Les ventes britanniques sont converties en dollars américains. 

M. Stevens n'exclut ainsi pas des mesures plus draconiennes pour faire des économies, au premier rang desquelles des réductions supplémentaires de ses capacités.

«Nous nous préparons à prendre toute décision nécessaire pour remettre l'Europe sur la bonne voie», assure Chuck Stevens, se refusant toutefois à dire si des suppressions d'emplois sont à l'ordre du jour.

Ces visages heureux à l'usine de véhicules commerciaux Vauxhall de Luton (au Nord de Londres) pourraient s'assombrir. Photo AP

Dans le rouge en Europe, mises à pied possibles

Depuis le Brexit, GM a réduit sa production dans deux usines en Angleterre et mis au chômage technique des salariés allemands des usines de Rüsselsheim et Eisenach, qui emploient respectivement 3000 et 1850 personnes.

Ford, concurrent et compatriote de GM a aussi réduit sa production en Europe, en l'occurrence sur le site gallois de Bridgend (1850 salariés) dont la fabrication des moteurs a été diminué de moitié. La marque à l'Ovale bleu y a aussi abaissé ses investissements, les faisant passer de 181 millions de livres (221 millions de dollars US) à 100 millions (122 millions de dollars US).

Lors du trimestre passé, GM est retombé dans le rouge en Europe, essuyant une perte de 100 millions de dollars alors qu'il avait dégagé un bénéfice équivalent au deuxième trimestre.

Le constructeur automobile avait indiqué en juillet que l'impact du Brexit sur ses résultats serait de l'ordre de 400 millions de dollars au second semestre mais que ceci n'était pas de nature à remettre en cause son objectif annuel.

GM s'inquiète d'un Brexit dur, avec tarifs

Le groupe américain, qui produit et vend en Grande-Bretagne les modèles Opel sous la marque Vauxhall avec des usines d'assemblage à Ellesmere et à Luton, s'interrogeait sur un éventuel retour des droits de douane et le devenir des accords de libre-échange qui lui permettent d'exporter librement les produits fabriqués sur ses sites britanniques vers l'ensemble de l'UE et inversement.

Selon le cabinet IHS Automotive, les constructeurs automobiles présents en Europe devraient vendre 2,8 millions de véhicules en moins d'ici 2018, en raison du Brexit. Le marché britannique qui devait croître de 3,2 % en 2016 ne devrait plus progresser que de 1 %, selon IHS.

Les ventes européennes de GM ont diminué de 2 % au troisième trimestre, à 282 951 unités, mais sont en hausse de 2,4 % à 922 996 unités depuis janvier.

Si l'Europe est un casse-tête, GM continue de profiter de la forte demande pour les VUS et les pick-ups aux fortes marges en Amérique du Nord et de l'appétit des consommateurs chinois pour ses modèles produits sous la marque Buick.

Marge de profit de 11,2 % !

Son bénéfice net a ainsi plus que doublé au troisième trimestre, à 2,77 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 42,8 milliards (+10,3 % sur un an).

La marge opérationnelle en Amérique du nord s'élève à 11,2 %, un niveau rare dans la production de voitures en série. Seule ombre dans cette région: le troisième groupe automobile mondial a tempéré pour la première fois son optimisme, évoquant un marché automobile certes «solide» aux Etats-Unis mais ayant atteint un «plafond».

A «l'international», qui comprend la Chine, le bénéfice d'exploitation est resté stable à 300 millions de dollars.