Le Lion de Peugeot va-t-il croquer l'éclair d'Opel ? Le groupe automobile français PSA réfléchit à la possibilité d'acquérir les activités européennes de l'américain General Motors (GM), dans le rouge depuis des années.

Le constructeur qui regroupe les marques Peugeot, Citroën et DS (sous le nom Groupe PSA) «explore la possibilité d'acquérir Opel et Vauxhall», alors que PSA et GM sont déjà liés par des projets industriels communs, a indiqué un porte-parole de l'entreprise.

«Depuis 2012, General Motors et le Groupe PSA ont mis en oeuvre une alliance qui couvre, à ce jour, trois projets en Europe, qui ont généré des synergies assez importantes», a remarqué ce porte-parole.

«Dans ce cadre, (...) le Groupe PSA confirme explorer de nombreuses initiatives stratégiques dont le but est à la fois d'améliorer la rentabilité et la performance opérationnelle, y compris un rapprochement avec Opel et Vauxhall», a-t-il ajouté.

C'est sous la marque Vauxhall que sont commercialisés au Royaume-Uni les véhicules connus sur le continent sous la marque Opel.

La saignée dure depuis 16 ans

Cette révélation intervient une semaine après l'annonce par GM d'une perte de 257 millions de dollars américains pour ses activités européennes en 2016, son 16e exercice annuel déficitaire consécutif.

En 2009, GM, au bord de la faillite, avait entamé des discussions avec des repreneurs potentiels pour ses activités en Europe et l'équipementier canadien Magna semblait avoir les faveurs des autorités allemandes avant que GM ne se ravise.

GM pâtit, selon les analystes, de surcapacités et d'un portefeuille de produits mince comparé à ses concurrents généralistes en Europe.

Alors que le cours de l'action Peugeot bondissait de plus de 4,6 % à la Bourse de Paris à la mi-journée, Peugeot a souligné dans un communiqué qu'«à ce stade, il n'existe aucune certitude sur la conclusion d'un éventuel accord». Dans un communiqué depuis son siège de Detroit, GM a repris la communication de Peugeot à la virgule près.

Une bonne affaire pour Peugeot ? Pas sûr

Un rapprochement entre Peugeot et GM Europe, dont les contours restent à préciser, pourrait aider le constructeur français à parvenir à une taille critique, élément jugé important dans une industrie à faibles marges et gourmande en capitaux.

Peugeot a immatriculé 3,15 millions de véhicules en 2016, loin derrière Volkswagen, Toyota, GM et Renault-Nissan, tous autour de 10 millions d'unités.

En 2016, Opel et Vauxhall ont immatriculé environ 1,2 million de véhicules.

Certains observateurs sont sceptiques quant au succès d'un tel mariage.

General Motors et PSA ont été brièvement liés par une alliance en 2012-2013, ensuite réduite à une coopération sur des projets ponctuels après la sortie du géant américain du capital de l'entreprise française.

Un petit utilitaire sur base commune doit sortir de l'usine de PSA à Vigo (Espagne) l'année prochaine. Une minifourgonnette est prévue dans l'usine de GM à Saragosse (Espagne), et un 4x4 urbain dans le fief de Peugeot à Sochaux (France).

Le montant d'un éventuel rachat reste la grande inconnue. PSA, après avoir frôlé la faillite en 2013-2014 et n'avoir dû son salut qu'à l'arrivée au capital d'un partenaire chinois, Dongfeng, et de l'État français, est revenu dans le vert dès l'exercice 2015 en dégageant 1,2 milliard d'euros de bénéfice net. Ses résultats 2016 seront publiés le 23 février.

Opel, dont le symbole est le «blitz» (éclair), a été fondé en 1862 à Rüsselsheim au sud-ouest de Francfort. Fin 2015, l'entreprise employait 35 600 salariés, dont 18 250 en Allemagne. En Europe, Opel produit dans dix usines réparties sur six pays.