Pigeant une carte dans le jeu de la société Apple, General Motors a collé l'étiquette « Conçu aux États-Unis » au Buick Envision. Comme la plupart des produits Apple, aussi, ce VUS intermédiaire est toutefois assemblé en Chine. Une stratégie qui pourrait jouer de vilains tours à GM, alors que le président Donald Trump souhaite instaurer une politique de protectionnisme sévère au fil des prochains mois.

Jusqu'ici, dans l'industrie automobile nord-américaine, on a surtout entendu parler du Mexique, où la production a graduellement migré ces dernières années. Ç'a d'ailleurs été un des fers de lance de la campagne du président Trump avant son élection. Puis, des sociétés comme Ford, entre autres, ont revu leurs plans, en public du moins, afin de rapatrier une partie de cette production sur le sol américain.

Le Mexique exporte 75 % de sa production aux États-Unis et 10 % au Canada, ce qui représente un peu plus de 2 millions de véhicules sur une base annuelle, selon l'institut IHS Automotive. À côté de ça, les 60 000 véhicules en provenance de Chine, c'est bien peu... Et ça le restera, croit Dennis DesRosiers, analyste canadien de l'industrie automobile.

« Au total, les États-Unis importent pour 206 milliards de dollars de véhicules, provenant de partout dans le monde. Seulement 1 milliard vient de Chine. Au Canada, sur les 34 milliards de dollars qu'on importe, seuls 100 millions sont chinois. »

«UNE CLAQUE AU VISAGE»

N'empêche, la manoeuvre semble frapper l'imaginaire chez nos voisins du Sud, à tout le moins. L'importation de véhicules construits en Chine est perçue comme « une claque au visage » par la vice-présidente du syndicat américain des travailleurs de l'automobile (UAW), Cindy Estrada, selon ce que rapportait le Washington Post la semaine dernière.

Celle-ci accueillera sans doute positivement la volonté du gouvernement américain de négocier à la dure une entente avec son homologue asiatique, en vue d'harmoniser la taxe imposée sur les véhicules importés de part et d'autre. Les sociétés américaines qui ont voulu s'installer en Chine depuis le début des années 90 ont dû s'associer avec un partenaire local, en plus de devoir payer une prime de 25 % sur les produits importés, alors que les importations chinoises chez l'Oncle Sam sont imposées à hauteur de 2,5 % seulement.

Selon ce qui filtre de la Maison-Blanche depuis le début de l'année, les États-Unis souhaiteraient voir les sociétés chinoises désireuses d'investir leur marché automobile bâtir des usines sur le sol américain, puis réinvestir les profits localement.

Le marché canadien représentant environ 10 % du marché américain, on risque de ne voir des véhicules construits en Chine chez nous qu'une fois tout cela arrivé à terme.

Bref, le Buick Envision pourrait donc être le seul en son genre au Canada pour un bon bout de temps. Surtout qu'à plus grande échelle, les mesures protectionnistes ont historiquement un impact négatif sur ce genre de pratiques, ajoute Dennis DesRosiers. « Personne ne sait quelles mesures l'administration américaine compte mettre en place. Ce qu'on sait, c'est que des mesures protectionnistes sont toujours néfastes pour l'économie, puisqu'elles visent à ralentir cette tendance. »

Le Buick Envision était exposé lors de l'avant-première des médias du Salon de l'auto de Los Angeles, le 16 novembre 2016. Photo: AFP