General Motors s'attend aux plus gros bénéfices de son histoire pour 2017 mais ceux-ci pourraient stagner en 2018 avant de rebondir en 2019 grâce au lancement de nouveaux pickups et gros SUV (4X4 de loisirs), vache à lait des constructeurs en Amérique du Nord.

Le bénéfice par action ajusté des éléments exceptionnels, référence en Amérique du Nord, sera «dans le haut de la fourchette de 6 à 6,50 dollars» des récentes prévisions de GM, soit un record, a détaillé le premier constructeur américain dont les résultats seront annoncés le 6 février. Les analystes anticipent, eux, 6,3 dollars.

À Wall Street, le titre a bondi de 3% dans les premiers échanges mardi, mais a suivi la tendance baissière du marché par la suite et se négociait à 44 $ US à 11 h 15 mercredi matin. L'action est en hausse de 17,5 % depuis un an.

«Nous avons eu une très bonne année 2017», s'est félicitée Mary Barra, PDG de General Motors, saluant de solides ventes de véhicules en Chine et aux États-Unis, les deux premiers marchés mondiaux. «Nous sommes en bonne position pour une autre solide année 2018 et même beaucoup mieux pour 2019».

Les bénéfices 2018 devraient être «en ligne» avec ceux de 2017, une stagnation qui s'explique, selon GM, par son offensive sur le marché ultra concurrentiel des grosses voitures (pickups, VUS et multisegments) pour compenser la baisse anticipée des ventes de véhicules dans les mois à venir.

Le groupe a présenté samedi au salon de Detroit une nouvelle version du Chevrolet Silverado, deuxième véhicule le plus vendu aux États-Unis en 2017, et commercialisera dans les prochains mois le gros SUV GMC Sierra.

Les pick-ups (camionnettes à plateau) massifs aux fortes marges bénéficiaires ont constitué près d'un tiers des 3 millions de véhicules vendus aux États-Unis en 2017 par GM. Ce segment pourrait représenter à lui seul à l'avenir plus de 65 milliards de dollars de chiffre d'affaires. En 2016, le chiffre d'affaires de GM totalisait 149 milliards de dollars.

Après avoir délaissé les grosses voitures pendant la crise financière, les Américains se précipitent de nouveau vers elles à la suite du rebond de la croissance, du recul du taux de chômage à ses plus bas niveaux et de prix de l'essence à la pompe plutôt bas.

Pas de prime exceptionnelle

GM, qui a acté en 2017 sa sortie d'Europe en finalisant la vente de sa filiale européenne Opel/Vauxhall au français PSA, va par ailleurs inscrire une charge comptable exceptionnelle de 7 milliards de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre, en raison de la réforme fiscale récemment adoptée aux États-Unis.

Cette charge liée à des «dépréciations» d'actifs n'aura aucune conséquence sur les résultats, a affirmé le géant de Detroit, ajoutant que la réforme, qui abaisse massivement les impôts pour les entreprises et des consommateurs, devrait à terme avoir des effets positifs pour le groupe.

Chuck Stevens, le directeur financier, a assuré lors d'un point presse avec des journalistes que cette réforme n'aura de conséquence ni sur les investissements ni sur ses usines.

Fiat Chrysler, rival de GM, a annoncé la semaine dernière son projet de créer 2500 emplois aux États-Unis et d'y rapatrier la production de son gros pickup Ram 1500, jusqu'ici assemblé au Mexique.

Cette décision, applaudie par le président américain Donald Trump, a été motivée, selon Fiat Chrysler, par la réduction de l'impôt sur les bénéfices des sociétés de 35 à 21%.

GM ne prévoit de verser une prime exceptionnelle à ses employés comme l'a fait son rival et préfère mettre en avant ses investissements dans les services de mobilité, les véhicules électriques et autonomes, considérés comme l'avenir de l'automobile.

Le gouvernement américain va examiner prochainement une requête du constructeur de tester une voiture sans volant ni pédales dans le cadre de son programme de développement d'un véhicule autonome qu'il veut mettre sur les routes en 2019.

La Chine, où ses marques Cadillac et Buick, séduisent et les autres marchés internationaux sont également des relais de croissance importants.

Même en excluant Pékin, le troisième constructeur mondial espère gagner de l'argent à compter de 2019 dans des pays comme la Russie et des régions telles que l'Amérique du sud, pourtant dans le rouge en 2016.