La possibilité que General Motors se sépare d'une usine à Strasbourg montre que le constructeur automobile américain est confronté au même problème de surcapacité en Europe que son partenaire, le français PSA Peugeot Citroën.

«Nous ne sommes pas immunisés contre les problèmes du secteur comme la récession ou la surcapacité de production en Europe», avertissait encore la semaine dernière le PDG de GM, Dan Akerson.

Les activités du premier constructeur automobile mondial sur le Vieux continent se portent en effet mal, avec une perte de 256 millions de dollars et un chiffre d'affaires en baisse de 20% au premier trimestre.

Ces difficultés expliquent l'annonce faite mercredi par GM d'une possible cession de ce site de Strasbourg, dans le Bas-Rhin.

Le géant américain avait déjà envisagé en 2008 de vendre ce site de production de boîtes de vitesse automatiques, avant de le reprendre pour un euro symbolique, en échange d'importants efforts consentis par les salariés, aujourd'hui au nombre de 1100.

Visiblement, il a échoué à le rendre rentable. «Tous les constructeurs sont placés à la même enseigne en Europe, avec un marché dépressif» et une production automobile qui excède de 20% les besoins des marchés, commente Carlos Da Silva, analyste chez IHS Automotive.

Le site de Strasbourg n'est pas le seul menacé. L'inquiétude est grande concernant pour les usines de sa filiale européenne Opel, à Bochum en Allemagne (3200 salariés) à Ellesmere Port au Royaume-Uni (2100 salariés). Le site à Rüsselsheim, en Allemagne, craint de perdre la production du modèle Astra, même si la direction dit n'avoir pris encore aucune décision.

«Rentabilité»

«Cette annonce concernant Strasbourg n'a absolument rien à voir avec les plan d'Opel d'améliorer la rentabilité», s'est empressé de réagir un porte-parole de la marque mercredi.

Le patron de GM Europe, Karl-Friedrich Stracke, a promis début mai de présenter d'ici deux à trois mois son plan de redressement pour la marque à l'éclair. GM est tenu par un accord conclu lors du dernier plan de redressement d'Opel, qui prévoyait la suppression de 8.000 emplois mais exclut tout autre licenciement et fermeture d'usine d'ici fin 2014.

«Il serait sans doute plus aisé de faire le ménage dans une usine de composants que dans une usine d'assemblage», estime M. Da Silva. Et donc plus facile de fermer un site comme Strasbourg.

Les rumeurs de fermeture de sites vont aussi bon train chez PSA, qui vient de s'adosser à GM. Le numéro un, Philippe Varin, ne cesse de répéter que le premier constructeur automobile français souffre de problème de surcapacité en Europe.

«Nous prendrons des décisions, je ne dis pas lesquelles, mais nous les prendrons au bon moment», a encore répété mercredi le directeur des marques Frédéric Saint-Geours dans une interview à la presse italienne.

Des documents de travail internes dévoilés il y a un an par la CGT faisaient état d'une possible fermeture d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de Madrid en Espagne. La direction du groupe les a déclaré caducs mais n'a pas réussi à dissiper les inquiétudes.

Le sort de l'usine de Sevelnord (Nord) est aussi en suspens, alors que l'italien Fiat qui y fabrique actuellement des utilitaires avec PSA va se retirer en 2017. Des discussions seraient en cours avec Toyota pour prendre le relais, mais rien n'a été confirmé.

La presse a aussi fait état récemment de menace sur le site de Rennes, qui pourrait perdre la production de la remplaçante de la Citroën C5 au profit de l'usine d'Opel de Rüsselsheim. «GM a une plateforme récente» pour fabriquer ce type de grande berline et «ça pourrait avoir du sens pour les deux groupes de produire ensemble», constate Bertrand Rakoto, analyste chez Polk.