General Motors (GM) va rappeler 3,36 millions de véhicules supplémentaires pour un défaut lié au démarreur qui empoisonne déjà sa vie depuis plusieurs mois, portant à plus de 20 millions le nombre de voitures rappelées depuis le début de l'année.

Cette décision intervient deux jours avant une nouvelle audition très attendue de sa directrice générale, Mary Barra, devant le Congrès américain.

En six mois, GM a rappelé 20,01 millions de véhicules dans le monde, dont 17,56 millions aux seuls États-Unis, son premier marché. C'est un record et cela représente plus de la moitié des 31 millions de véhicules rappelés aux États-Unis, record qui avait été établi en 2004 par l'ensemble des constructeurs présents dans le pays, selon les chiffres de l'Agence américaine de la sécurité routière (NHTSA).

Cette année-là, le premier constructeur américain avait fait revenir à lui seul environ 11 millions de véhicules auprès de ses concessionnaires.

Ces multiples rappels de GM s'expliquent par la mise en place récemment par Mme Barra d'une politique de «risque zéro» conduisant le constructeur automobile à faire revenir les voitures à la moindre alerte.

Le groupe automobile est en effet depuis plusieurs mois sur le gril pour avoir tardé à rappeler 2,6 millions de Chevrolet Cobalt, Saturn Ion et Sky, Pontiac 5 et Solstice, produites entre 2003 et 2011, et rappelées en février, dix ans après la découverte du problème. Ce dysfonctionnement est associé à au moins 13 morts et à 54 accidents, selon le dernier décompte de GM.

Même démarreur?

Ce dernier rappel tombe mal puisque le défaut porte, comme dans l'affaire des rappels tardifs, sur la clef de contact qui active le commutateur d'allumage.

Celle-ci peut glisser accidentellement de la position «marche» à «arrêt», ce qui peut avoir des conséquences sur la direction assistée et dans certains cas conduire les coussins gonflables à ne pas se déployer, selon GM.

Dans la crise des rappels tardifs, le groupe automobile avait expliqué en février qu'il arrivait que la clef de contact se mette inopinément en position «arrêt» alors que le véhicule était en marche.

Quand cela survenait, il était possible que les coussins gonflables, les coussins gonflables de sécurité, ne se déploient pas. Pour éviter que cela se produise, GM recommandait d'enlever tous les porte-clés ou tout accessoire ajouté à la clé de contact.

«C'est un commutateur différent avec un système différent», a défendu lundi Alan Adler, un porte-parole joint par l'AFP.

Les modèles concernés ont été produits entre 2000 et 2014, explique GM. Parmi eux on trouve des Buick Lacrosse (2005-2009), Lucerne (2006-2011), Regall LS & GS (2004-2005), des Chevrolet Impala (2006-2014), des Cadillac Deville (2000-2005) et DTS (2004-2011) et la Chevrolet Monte Carlo (2006-2008).

Le plus gros de véhicules à retourner aux concessionnaires vient des États-Unis, avec 3,16 millions, le reste (200 000) du Canada, du Mexique et d'autres pays.

De tous ces véhicules, seule la Chevrolet Impala est encore en production, ajoute GM, qui a recensé pour l'instant 8 accidents ayant fait 6 blessés.

-- 2 milliards de dollars de réparations --

Lundi, GM a aussi annoncé qu'il allait rappeler 165 770 autres véhicules pour des problèmes allant des câbles à la direction assistée en passant par la ceinture de sécurité et le joint de culasse.

Si ces rappels ont des conséquences sur les bénéfices du groupe automobile, ils semblent épargner l'activité commerciale.

Les rappels vont occasionner une provision de 700 millions de dollars dans les comptes du deuxième trimestre en cours, portant à 2 milliards de dollars la facture totale liée aux réparations depuis le début de l'année.

GM est aussi en train de finaliser les termes d'un plan d'indemnisation de victimes. Dans le dossier des rappels tardifs, il a écopé le 16 mai d'une amende civile de 35 millions de dollars, la plus importante autorisée dans ces procédures aux États-Unis.

Le groupe automobile peut se consoler par le fait que ses ventes mensuelles en mai ont retrouvé leur niveau d'avant la crise et son action continue de progresser en Bourse, où les investisseurs saluent la gestion de l'affaire des rappels tardifs par Mary Barra, aux commandes depuis mi-janvier.