Hyundai Canada est poursuivi en justice au Québec pour son inaction à résoudre un problème mécanique qui se traduirait par un calage inattendu d'un des modèles de son VUS Santa Fe. Cette cause trouve un écho jusqu'en Californie où une demande de recours collectif a été déposée à l'encontre du constructeur sud-coréen pour le même motif.

Valérie Riendeau appréciait beaucoup son véhicule. Jusqu'à ce que le 4 juin dernier, son Hyundai Santa Fe 2011 cale subitement sur la route de manière inexpliquée. «C'est arrivé comme toujours à basse vitesse. Tout s'est éteint encore, le moteur, plus rien ne fonctionnait. Là c'en était trop, j'ai fait des démarches, j'ai décidé d'engager un avocat», témoigne cette récente mère de famille de la Rive-Sud.

Ce 4 juin, pour la cinquième fois en 20 mois, son VUS - la version Sport 3,5 L - a cessé de fonctionner. Après quatre allers-retours chez un concessionnaire Hyundai pour faire inspecter et réparer le véhicule - visiblement sans succès -, après l'envoi de mises en demeure à Hyundai Canada et à son concessionnaire de remédier à la situation, l'automobiliste a décidé ce jour-là de prendre le taureau par les cornes.

Elle ne veut plus utiliser son véhicule qu'elle juge «dangereux». «Ça ne me tente pas d'y mettre un bébé», dit-elle. Celle-ci a donc déposé une poursuite au civil le 31 juillet au palais de justice de Longueuil. Au cours de ses démarches précédentes, elle s'est heurtée au service à la clientèle de la filiale canadienne de Hyundai. «Ils ne savent pas réparer le véhicule, ils ne savent pas quoi me dire», affirme la plaignante.

L'avocat de Hyundai Canada, Me Xavier Lafontaine, n'a pas répondu à nos appels et à nos messages. «Hyundai Canada n'est pas en mesure de fournir son point de vue sur les questions juridiques actuelles», s'est pour sa part contenté de dire Chad Heard, le directeur des relations publiques de Hyundai Canada.

Nombreux cas aux États-Unis

Des témoignages comme celui de Mme Riendeau au sujet de ce problème mécanique sur ce modèle de Santa Fe sont nombreux en Amérique du Nord, surtout aux États-Unis. Des dizaines de plaintes ont été déposées auprès de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) ces deux dernières années. Aucun décès ni blessures en lien avec ce problème n'a été déclaré.

En Californie, une demande de recours collectif contre Hyundai a été déposée le 8 août dernier auprès du tribunal de District de San Francisco. Les plaignants veulent essentiellement que les modèles visés - 2010, 2011 et 2012 - fassent l'objet d'un rappel en bonne et due forme et qu'ils soient dédommagés.

Aux États-Unis, Hyundai Motor America a répondu aux plaintes avant le dépôt de cette demande de recours. En annonçant «une campagne de service technique pour reprogrammer le module de contrôle du moteur de certains Hyundai Santa Fe des années modèles 2010 à 2012 équipés du moteur de 3,5 L».

Dans un avis publié sur son site internet, la filiale américaine de Hyundai mentionne que le calage du moteur peut survenir dans «des conditions spécifiques de conduite», au moment «d'un freinage à basse vitesse».

Cette affirmation est contestée dans la demande de recours collectif - que l'Auto a obtenue - qui s'appuie sur de nombreux témoignages d'automobilistes qui affirment que le problème survient dans n'importe quelles conditions de conduite. «Cette campagne de service propose une réparation qui ne permet pas de répondre aux nombreuses manifestations du défaut de calage», peut-on y lire.

Hyundai Canada de son côté affirme mener la même campagne de service qu'aux États-Unis et ce, depuis le mois d'août. Valérie Riendeau n'en a pas été avisée.

À ce jour, la NHTSA n'a pas fait d'«évaluation préliminaire» de ce modèle de Hyundai Santa Fe, première étape du processus qui peut ou non mener à un rappel. L'ouverture d'une enquête n'est pas déterminée par le nombre de plaintes mais par «la nature du problème», rappelle l'agence du Département américain des Transports.

«Pas l'intention de reculer»

Valérie Riendeau affirme qu'elle n'a «pas du tout l'intention de reculer». «Même s'il faut aller jusqu'à un procès, précise-t-elle. Je ne peux pas revendre mon véhicule. Je vais aller jusqu'au bout.»

Elle demande le remboursement du prix payé pour son véhicule, soit 38 274,46 $, taxes et intérêts inclus, ainsi que 5000 $ en dommages punitifs et 5000 $ pour les troubles, ennuis et inconvénients. Elle n'a pas encore déposé de plainte auprès de Transports Canada. «Cela fait partie des prochaines étapes», précise son avocat, Me Philippe Chagnon.