Une publication automobile suédoise a récemment montré que le Jeep Grand Cherokee 2012 ne se comportait pas adéquatement lors d'une manoeuvre d'évitement d'un obstacle à quatre pattes. Le gros VUS aurait tendance à lever les... roues, manquant de peu de faire un tonneau.

Le «test de l'orignal» mené sur le Jeep Grand Cherokee pourrait bien faire le tour de la planète. À la une du dernier numéro du magazine suédois Teknikens Värld, le Jeep Grand Cherokee apparaît dans une position inconfortable, les deux roues droites levées dans les airs lors d'un coup de volant donné à droite.

Cette image est tirée d'un essai routier réalisé et filmé sur une piste d'aviation en Suède le mois dernier. Comme pour bon nombre de véhicules, le magazine a fait passer au Grand Cherokee le «test de l'orignal», une manoeuvre qui consiste à éviter au dernier moment un obstacle qui se présente sur la route - que ce soit un objet, un enfant ou un animal. À une vitesse de 63,5 km/h très exactement, le Jeep a slalomé entre des cônes: premier coup de volant, à gauche, deuxième coup de volant, à droite. C'est lors de ce deuxième coup de volant que le Jeep a basculé sur sa gauche, levant les deux roues droites dans les airs et manquant de peu de retomber sur son flanc gauche puis sur son toit.

«Sans la réaction rapide de notre pilote professionnel, le Jeep Grand Cherokee aurait fait un tonneau. Cette manoeuvre de la voiture est fatale pour le conducteur moyen», estime Daniel Frodin, rédacteur en chef de Teknikens Värld. Le magazine souligne également la pression excessive - et dangereuse - exercée alors par les jantes sur les pneus de gauche.

La publication évalue des centaines de nouveaux modèles chaque année. Elle a fait le même test avec des modèles comparables au Jeep que sont le Volkswagen Touareg et le Volvo XC90. À près de 70 km/h, les deux véhicules n'ont montré aucun risque de capotage.

Teknikens Värld a fait passer ce même test en 2005 à la génération précédente du Grand Cherokee sans qu'il n'y ait rien à redire. Le magazine s'interroge ouvertement sur le nouveau modèle mis en marché l'an dernier.

La réponse de Chrysler

Le Groupe Chrysler a répondu lundi dernier à ce test embarrassant, par voie de communiqué. Le constructeur américain affirme que ses ingénieurs ont essayé à plusieurs reprises de reproduire cet évènement avec «un véhicule chargé de manière appropriée». Sans parvenir au même résultat que le magazine. Chrysler reproche en fait à ce dernier d'avoir utilisé un véhicule chargé au-delà du poids recommandé.

Cet argument n'est pas valable, selon la publication suédoise qui spécifie avoir respecté le poids maximal indiqué par le certificat suédois d'enregistrement du véhicule. Poids fourni à l'origine par le constructeur lui-même...

Pour Chrysler, ce test de l'orignal est «une manoeuvre extrême» qui n'est pas attestée par les organismes officiels responsables des tests de sécurité sur tous les nouveaux modèles. Il n'est pas non plus utilisé par ces organismes pour évaluer la sécurité des véhicules. Chrysler a beau avoir raison sur ce point, ce scénario de l'orignal - ou de l'enfant - qui surgit sur la route n'est pas exceptionnel. Et il est surtout potentiellement mortel. Pour l'enfant. Et pour les automobilistes si le véhicule fait un tonneau.

Teknikens Värld a introduit dans sa batterie d'essais ce test particulier de l'orignal dans les années 70. Depuis, ses techniciens ont accroché à leur tableau de chasse la Mercedes Classe A en 1997, le pick-up Toyota Hilux en 2007 et la berline Skoda Superb en 2010, trois modèles européens. Les constructeurs ont rectifié le tir à chaque fois.

Chrysler en fera-t-il autant?

«Le Groupe Chrysler prend au sérieux tout ce qui concerne la sécurité et les ingénieurs sont en train d'examiner cet évènement pour mieux comprendre les prétentions du magazine», affirme le constructeur.