Pour ceux qui jugent le Renegade trop petit et le Cherokee trop gros, Jeep suggère ce printemps un entre-deux : le Compass. Rassurez-vous, ce dernier n'a rien à voir avec celui qui, jusqu'à tout récemment encore, hantait les salles d'exposition des concessionnaires de la marque américaine. Le nouveau ne conserve aucun boulon de son prédécesseur et personne ne trouvera à s'en plaindre.

Dans les faits, le Compass est essentiellement une version plus joufflue et plus puissante du Renegade et qui, curieusement, offre un coffre plus volumineux que celui d'un Cherokee... La formule, un peu tarabiscotée, devrait plaire, assurent les stratèges de Jeep, même si celle-ci risque de créer des dommages collatéraux au sein de la gamme. En fait, le consommateur pourrait avoir du mal à s'y retrouver, mais comme le résumait si bien l'un des porte-paroles de l'entreprise, « au bout du compte, l'important est que le client qui débarque dans nos salles d'exposition achète un Jeep, peu importe lequel ».

Outre ce besoin de ratisser le plus large possible, reste à savoir ce que ce Jeep apporte de neuf à la gamme et au segment dans lequel il se trouve inscrit. Autant le dire, on reste sur sa faim.

Dès lors, on peut légitimement s'interroger sur les motifs d'ajouter un VUS dans un marché apparemment déjà (trop) bien garni. Pour vendre le même nombre de véhicules, un constructeur doit désormais proposer un éventail de modèles toujours plus étoffé, même si ceux-ci sont techniquement ou physiquement peu éloignés. Conséquemment, l'approche de Jeep ne diffère en rien de celle adoptée par d'autres constructeurs qui multiplient les déclinaisons et les variantes pour transformer le catalogue de modèles en un vaste labyrinthe. Il suffit de jeter un coup d'oeil à certains produits Mercedes (GLE, GLE Coupé) ou BMW (X3, X4 ou X5 et X6) pour comprendre comment l'industrie automobile quadrille les segments de marché.

Objectif : le monde

Destiné au marché mondial, le Compass prend naissance dans quatre usines d'assemblage dans le monde. Les véhicules vendus au Canada proviendront, eux, du Mexique, et pour l'heure, ils s'animeront uniquement d'un moteur quatre cylindres 2,4 litres atmosphérique de 180 chevaux. Ce dernier a fait l'objet de quelques modifications mineures au fil du temps, mais il se trouve toujours privé de l'injection directe d'essence. En revanche, un dispositif de coupure automatique à l'arrêt veille désormais à réduire la consommation et les émanations polluantes. Par ailleurs, la direction de Jeep ne cache pas son souhait d'offrir un jour une mécanique turbodiesel, mais elle écarte catégoriquement toute possibilité de soulever le capot du Compass à un propulseur hybride.

Pour transmettre la puissance aux roues motrices, Jeep propose plusieurs options selon le rouage d'entraînement et la déclinaison privilégiés par le consommateur. Sur les North et Sport, une boîte manuelle et une automatique à six rapports se disputent le droit de mouvoir le Compass de sa position statique. Les livrées Limited et Trailhawk, quant à elles, s'acoquinent exclusivement avec une boîte automatique à neuf rapports.

Vrais véhicules off-road pour vrais conducteurs urbains

Jeep veille religieusement à ce que ses produits escaladent sans peine les pentes les plus abruptes ou grimpent sur les souches et les roches. Plusieurs démonstrations des aptitudes tout-terrain de la version Trailhawk du Compass au cours de ce lancement ont fait prendre conscience à plusieurs que la concurrence s'enliserait lamentablement dès le premier obstacle venu. 

En revanche, combien de consommateurs exploiteront ces capacités hors route ? Sans doute pas plus de 3 % de la clientèle, de l'aveu même de Jeep.

Dès lors, le rouage à quatre roues motrices de la Trailhawk, plus sophistiqué et plus lourd, présente peu d'intérêt particulier et mieux vaut lui préférer le dispositif débrayable (lire temporaire) offert sur les autres livrées. Celui-ci semble une dépense (2500 $) justifiée en matière de sécurité active, dynamise le comportement en virage et facilitera la revente du véhicule le moment venu. La version tractée est inintéressante, tellement celle-ci sous-vire dans les courbes serrées.

Au volant, l'expérience de conduite n'est guère enthousiasmante. Mais ce commentaire pourrait s'appliquer à bien d'autres VUS de la catégorie. La direction manque de ressenti en position centrale et la pédale de freinage, de linéarité. Le bon débattement de la suspension en fait cependant un véhicule confortable sur une chaussée abîmée, mais entraîne des mouvements de caisse qui nuisent à son agilité.

Bref, le Compass a un comportement plutôt empâté et le manque de ressources de son groupe motopropulseur ne fait qu'accentuer cette réalité. Le moteur 2,4 litres ne peut être formellement montré du doigt en raison de la mauvaise gestion de la boîte de vitesse automatique qui l'accompagne. Celle dotée de six rapports apparaît ici le meilleur choix, car elle est plus réactive que la neuf rapports. À noter qu'aucune boîte manuelle n'est disponible au moment du lancement.

Habitacle lumineux et coloré

Hormis ses capacités tout-terrain et le débattement de ses suspensions, le comportement de la Compass ne brille en rien, mais se classe tout de même dans la moyenne générale de la catégorie. La présentation est bien exécutée et Jeep propose, selon les livrées et les options, des « ambiances » susceptibles de plaire à un grand nombre d'acheteurs. Les commandes sont simples, faciles à identifier et logiquement regroupées dans l'environnement du conducteur. 

Le système d'infodivertissement (U-Connect) figure parmi les plus intuitifs de l'industrie, mais on regrette toutefois la petitesse de l'écran central des versions North et Sport par rapport aux autres déclinaisons.

Le dégagement intérieur fait bonne figure, tout comme le volume du coffre. Ce dernier, accessible par un hayon largement échancré, affiche une modularité plutôt classique, hormis la possibilité de rabattre le dossier du passager avant pour faciliter le transport de longs objets. Considérant la nature utilitaire du véhicule, on s'étonne du peu de rangements à bord. Le confort acoustique, pour sa part, varie selon la livrée retenue. En clair, plus vous payez, plus silencieux est le Compass. Le même commentaire s'applique également à la qualité des sièges. Trop plats, les baquets de la Sport (modèle d'entrée) offrent un faible maintien par rapport aux autres versions dont les galbes sont plus généreux.

Bilan plutôt mitigé à l'égard de ce Compass nouveau qui, hormis son prix plus élevé, éclipse sans surprise totalement son prédécesseur sans pour autant se démarquer ou prendre l'ascendant sur la compétition. Un utilitaire de plus sans doute, mais pour les représentants de la marque américaine, il s'agit là d'une possibilité supplémentaire de vous asseoir dans un Jeep. Qu'importe le modèle.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par FCA Canada.

Trois fleurs, trois tomates

On aime

Système info-divertissement au point

Aptitudes hors route

Confort des suspensions

On aime moins

Moteur souffreteux

Confort accoustique

Sièges plats



Fiche technique

Prix: de 24 900 à 34 895

Transport et de préparation: 1695 $

Garantie de base: 36 mois ou 60 000 km

Moteur: L4 SACT 2,4 litres

Puissance: 184 ch à 6400 tr/min

Couple: 175 lb-pi à 3900 tr/min

Poids: 1509 kg (4 X 4)

Rapport poids/puissance: 8,2 kg/ch

Mode: traction ou Intégral

Transmission de série: manuelle à six rapports (versions Sport et North) Automatique neuf rapports (Limited et Trailhawk)

Transmission optionnelle: automatique à six rapports (versions Sport et North)

Diamètre de braquage: 11 m (10,7 m Trailhawk)

Freins (av.-arr.): disque-disque

Pneus (av.-arr.): 225/60R17

Capacité du réservoir: 51 litres

Essence recommandée: ordinaire

Consommation réelle observée: 9,3 l/100 km

Capacité de remorquage (kg): 907 (non recommandé version tractée)

Pour en savoir plus: www.jeep.ca