D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu une grande fascination pour la Lamborghini Diablo. C'est probablement sa désinvolture, son arrogance, son bouillant sang latin. Il y avait aussi ce dessin qui l'enveloppait, d'une pureté, d'une sensibilité. Une présence qui « connectait » directement avec mon coeur de gamin. Cet état de choses me rendait donc appréhensif face à cette Huracán, la peur de découvrir une voiture qui avait perdu son âme aux mains du propriétaire, Audi. Ces craintes se sont heureusement dissipées.

Son design

« Saisissant » est probablement le premier qualificatif qui vient en tête lorsque l'oeil se fixe pour la première fois sur cette Huracán. Évidemment moins spectaculaire que la monumentale Aventador, cette Huracán n'en fait pas moins dans la retenue. C'est probablement la maîtrise des proportions qui nous impressionne le plus ici, appuyant le panache et l'élégance de la voiture. Sans tomber dans les clichés faciles, la ligne latérale rappelle sans conteste un taureau chargeant avec l'arrière trapu et surélevé et le capot très plongeant. Et il y a ce regard de reptile, qui perce ces trapèzes aux confins des ailes avant la nuit venue.

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À bord

L'habitacle fait également forte impression. Mais avant toute chose, on doit souligner la grande qualité d'assemblage, tout comme celle des matières utilisées. Nous sommes à mille lieues des Lamborghini pré-Audi dont la finition était, disons-le poliment, inégale. L'accès aux sièges, très bas, oblige certaines contorsions, mais c'est le prix à payer pour avoir le privilège de s'y asseoir. Bien calé dans ces baquets enveloppants, on découvre une inspiration directe du monde de l'aviation, à commencer par le bouton de démarrage, caché derrière une sorte d'obturateur rouge vif. La planche de bord, dégarnie et allurée, est d'une extraordinaire simplicité, un choix salutaire pour une voiture qui ne demande qu'à être conduite.

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Sous le capot

Son coeur, il a été greffé à l'arrière. Pas trop bien caché par un capot transparent, c'est un V10 de 5,2 L qui y bat. Dans cette version LP 580-2, la puissance, comme son nom l'indique, est de 580 ch métriques (572 ch ici) et 397 lb-pi de couple. Ce moteur est un chef-d'oeuvre. Il pousse jusqu'à ce que la puissance explose dès que l'on franchit les 5000 tr/min. Il chante aussi, une musique rauque, jazz, séduisante, passant d'une octave à l'autre au moyen des palettes fixes de la transmission. Cette boîte à double embrayage est d'ailleurs dans une classe à part, d'une rapidité télépathique. Le 0-100 km/h ? 3,4 secondes.

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Derrière le volant

Dès la mise à feu du V10 arrière, le ton est donné. Cette voiture a bel et bien une âme, expressive. Les modes de conduite - Strada, Sport et Corsa - dictent d'ailleurs son tempérament. Nuance importante ici, cette LP 580-2 est la seule Lamborghini à propulsion actuellement offerte, la plus pure de toutes sur ce plan. Son châssis, très léger parce qu'il mélange la fibre de carbone et l'aluminium, dialogue d'ailleurs plutôt bien avec cette configuration. La voiture est d'une extrême agilité, d'une neutralité désarmante. La direction y est pour beaucoup ici, un instrument au toucher extraordinaire, taillant les courbes en virtuose. Les limites sont hautes, très hautes.

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Les technologies embarquées

La Huracán a fait appel à la société mère Audi pour le système d'infodivertissement. Dans les faits, il s'agit du système d'ancienne cuvée d'Audi. Bien que fonctionnel, il accuse de l'âge, comme en font foi ses menus mal structurés. Sous la pression d'un bouton, l'écran de navigation peut s'agrandir et positionner au centre, ce qui permet un meilleur point de vue sur le trajet emprunté. La sonorité de la chaîne audio est aussi bien ordinaire, mais la musique, la vraie, elle est produite par le V10, placé à quelques centimètres derrière.

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Verdict

Les heures passées derrière son volant le confirment, cette Huracán LP 580-2 est une véritable Lamborghini. Le fait qu'il soit à roues motrices arrière rend le bolide résolument expressif, une création tactile, sensorielle malgré le concentré de technologie insufflé dans sa conception. On se sent impliqué dans l'expérience et non pas mis à part par la batterie de béquilles électroniques. Je mentirais aussi en disant qu'elle n'a pas réveillé le gamin en moi, celui qui regardait, rêveur, son affiche de Diablo. Oh, j'oubliais, cette livrée à propulsion est aussi offerte à près de 44 000 $ de moins que la version LP 610-4.

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Observations

> Poids plume

Lamborghini estime que cette Huracán largue 33 kg en comparaison de la version à transmission intégrale LP 610-2, pour un poids à sec de 1389 kg, grâce à l'utilisation de matériaux de pointe.

> Abaisser le stress

Cette Huracán peut être outillée d'un système qui lève de quelques centimètres le nez avant de la voiture, une option qui peut éliminer beaucoup de stress.

> Freins carbone-céramique

Une option de 17 500 $, les freins en carbone-céramique sont d'une redoutable efficacité, mais demandent un temps d'adaptation pour nous permettre de bien jauger quand ils mordent.

> Docile sur commande

Le mode de conduite Strada relâche les suspensions et la direction tout en fermant les clapets dans les échappements, on découvre alors un talent de routière à cette Huracán, même sur notre réseau routier.

> Le nom

Son nom (Huracán) vient du monde des combats de taureaux, rendant hommage à un taureau espagnol qui a combattu en 1879 et qui était la propriété du comte de la Patilla.