La marque de voiture de grand luxe Maybach va disparaître en 2013, sacrifiée par son propriétaire allemand Daimler qui échoue ainsi à créer quasiment de toutes pièces un concurrent aux célèbres Rolls-Royce et Bentley.

«La production va cesser en 2013 lors de l'introduction d'une nouvelle génération de la Classe S» de Mercedes-Benz, qui sera désormais l'unique représentante du groupe automobile de Stuttgart sur le segment du grand luxe, a-t-il annoncé vendredi.

Les 150 salariés de Maybach seront recyclés dans le production très haut de gamme de Mercedes-Benz.

Pour Daimler, l'échec est patent: il n'a vendu en 2010 qu'environ 200 de ces berlines très haut de gamme, une goutte d'eau en regard des 1,27 million de véhicules écoulés dans le monde par le groupe.

En 2002, Daimler décide de ressusciter Maybach, créée en 1909 et abandonnée pendant la Seconde Guerre mondiale. Son objectif: capter un micro-marché, mais potentiellement rémunérateur, celui du grand luxe.

Ses concurrents: des marques de très grand renom, les britanniques Rolls-Royce et Bentley, les Italiens Ferrari et Maserati.

Une décennie plus tard, son patron Dieter Zetsche met fin à l'aventure, considérant avoir plus de chance en concentrant ses efforts sur le développement du haut de sa gamme Mercedes-Benz. Selon lui, Maybach gagne aujourd'hui de l'argent sur chaque voiture vendue mais pas assez pour pérenniser la marque. Les prix de base débutent à 340.000 euros (hors taxes) et peuvent grimper énormément en fonction des souhaits des clients.

Pour ce prix, les acheteurs conduisent d'imposantes berlines dont les émissions de CO2 (à partir de 350 g/ km) égalent celles de trois voitures moyennes.

«La décision (d'arrêter Maybach) a été mûrement réfléchie par Daimler, estime Ferdinand Dudenhöffer, de l'institut universitaire CAR. La marque était très peu visible, contrairement à Bentley et Rolls-Royce». Ce dernier, propriété du grand concurrent bavarois BMW, a vendu treize fois plus de voitures en 2010.

Maybach était surtout «peu connue hors d'Allemagne, notamment sur les importants marchés américains et chinois», explique Willi Dietz, spécialiste à l'Institut für Automobilwirtschaft. Le grand luxe «est un très petit marché, dans lequel il est très difficile de créer une marque», ajoute-t-il.

Daimler n'est pas le seul à peiner sur le mini-segment du très haut-luxe. Aston Martin «a un temps essayé» d'investir ce marché, sans vraiment y parvenir, et Bentley, filiale du numéro un européen Volkswagen, a inscrit des pertes en 2010.

Les analystes estiment toutefois que l'abandon de Maybach sera sans grandes conséquences pour Daimler, les chiffres de vente étant «peu significatifs» pour le groupe, selon M. Dietz.

L'aventure n'a pas dû coûter trop cher au groupe, les modèles n'étaient que des Classe S très personnalisées, ajoute M. Dudenhöffer.