Pour reprendre une expression autrefois utilisée, la CLA ne symbolise pas la Mercedes du «vieil argent». On l'aura vite compris, cette voiture s'adresse à ces consommateurs que l'idée même de rouler en Mercedes n'a jamais effleurés auparavant. Vendue pour un peu moins de 34 000$, la CLA invite à porter un regard neuf sur la célèbre étoile, à la condition de ne pas être obnubilé par elle.

Elle est la plus vieille marque automobile au monde, mais Mercedes n'est pas sénile pour autant. Elle inspire le respect, mais, pour le plus grand nombre, son prestige est distant et parfois hors de portée, en Amérique du Nord à tout le moins. Mais Mercedes a compris qu'il lui faut ratisser plus large et capter l'attention d'une nouvelle clientèle, des trentenaires et des quadragénaires surtout.

La CLA se présente donc comme le nouvel instrument de conquête de la marque à l'étoile. À ses débuts à l'automne, elle cherchera à semer des doutes dans l'esprit des acheteurs potentiels d'Acura ILX, d'Audi A3 et une poignée de Buick (Verano et Regal). Elle pourrait même en inciter certains à reconsidérer l'acquisition d'une Classe B (29 900$) voire d'une Classe C (37 300$). Dommages collatéraux à prévoir, même si Mercedes considère (air connu) que «chacun de ces véhicules s'adresse à une clientèle parfaitement ciblée».

La CLA va très certainement susciter l'envie pour ses tarifs attractifs, mais aussi pour sa ligne, directement inspirée de la CLS. Les propriétaires de cette dernière se désoleront peut-être que la «petite» lui ressemble à ce point et coûte au bas mot 51 000$ de moins. Mais la déception sera de courte durée. La CLA sait très bien qu'elle porte à l'étoile, mais cela ne l'empêche pas de prendre certains raccourcis pour s'afficher à des prix aussi compétitifs. Par exemple, le recours à une banale tige métallique pour maintenir le capot en l'air ou encore des sièges que d'aucuns jugeront trop filiformes sur de longs parcours.

Le tableau de bord rappelle vaguement celui de la Classe B avec ses compteurs classiquement ronds, comme les buses d'aération de type aviation. Au centre, on retrouve, comme sortie de nulle part, la tablette électronique de Mercedes. Celle-ci se trouve en liaison avec le système Command - gestion centralisée de nombreux accessoires. Il se contrôle au moyen d'une molette placée au pied de la console où sont aménagés des rangements et les incontournables portes gobelets. Le sélecteur de vitesse généralement planté à cet endroit trouve refuge contre la colonne de direction. Si on résume, la finition ne souffre pas de réelles critiques et l'ensemble, quoique flatteur à l'oeil, n'apparaît guère créatif.

Pour bien visualiser la taille qu'elle occupera dans la rue, la CLA est plus longue (80 mm) qu'une Acura ILX, mais aussi plus haute (32 mm) et plus étroite (-17 mm). Enfin, à un millimètre près, les deux reposent sur un empattement de même dimension. À l'intérieur, pas la peine de sortir un ruban à mesurer pour établir des comparaisons entre ces deux véhicules. La ILX est infiniment moins généreuse et confortable aux places arrière que l'allemande. De plus, en raison du style plongeant de son toit, cette dernière rend l'accès et la sortie difficiles à l'arrière. En revanche, les valises et autres objets voyagent plus librement dans le coffre grâce à un volume équivalent à 470 litres, soit 120 litres de plus que la ILX, par exemple.

Mistral et Cx

Sur les routes de Provence où le Mistral soufflait ce jour-là à pleins poumons, la CLA ne se laissa pas emporter. Doit-on l'attribuer à son profil aussi soigné? Mercedes revendique un coefficient de traînée aérodynamique (Cx) record de 0,22, mais celui-ci ne s'applique qu'à une version qui ne sera pas commercialisée chez nous. Le Cx de la «nôtre» est établi à 0,28. Cela dit, le souci du détail est le même et la CLA va jusqu'à calfeutrer ses dessous pour permettre à l'air de filer librement.

Issue d'une architecture modulaire - similaire à la Classe B - la CLA est donc entraînée par ses roues avant (traction). Une version quatre roues motrices (4Matic) se joindra au catalogue au cours de l'année.

Même plateforme et, sans surprise, même moteur. Le quatre cylindres 2 litres suralimenté par turbocompresseur se charge de mouvoir la CLA de sa position statique. Pour l'y aider, la CLA retient les services d'une boîte semi-automatique à double embrayage comptant sept vitesses. Celle-ci comporte trois modes (Economy, Sport, Manuel) et aucun ne donne entière satisfaction. En mode Eco, elle castre les performances (autrement vives); en mode Sport, elle maintient trop longuement les rapports; et enfin à Manuel, elle manque à la fois de rapidité et de souplesse. Puisqu'il faut choisir, aussi bien s'en tenir au mode Sport.

Au Canada, un seul moteur, une seule boîte de vitesses et un seul choix d'éléments suspenseurs (Sport). Il existe également une configuration «confort» en Europe. Pour avoir fait l'essai des deux, la «sport» est la plus réussie. Elle contrôle mieux les mouvements de caisse et contribue à dynamiser le châssis. Ce dernier campe plus près de la route et retient les services d'une monte pneumatique plus performante. En contrepartie, la CLA «tape dur» et les imperfections de la chaussée ne passent pas toutes inaperçues.

En ville, le rayon de braquage est court, mais l'épaisseur des montants et la structure tarabiscotée des vitres de custode arrière gênent la visibilité de trois quarts et les appuie-tête de la lunette. Par chance, il y a une caméra de recul et des capteurs d'angles morts.

Malgré une direction peu communicative, la CLS rassure par sa tenue de route irréprochable et son souci de la sécurité. À ce sujet, elle surclasse déjà la catégorie. Ses concepteurs assurent qu'ils sont prêts à réagir si la concurrence cherchait à les devancer dans ce domaine. «Tous les modules sont en place, il suffit de les brancher». Superbe, mais à quel prix?

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été déboursés par Mercedes-Benz AG.

L'essentiel

> Prix à compter: 33 900 $

> Garantie de base: 4 ans / 80 000 km

> Consommation réelle: 9,8 L/100 km (estimation)

> Visible dans les concessions: Automne 2013

> À considérer: Acura ILX, Audi A3, Lexus IS

> Pour en savoir plus: www.mercedes-benz.ca

Technique

> Moteur (essence): L4 DACT 2 litres suralimenté

> Puissance: 208 ch à 5 500 tr/min

> Couple: 258 lb-pi entre 1 200 et 4 000 tr/min

> Poids: 1395 kg

> Rapport poids-puissance: 6,70 kg/ch

> Mode: traction

> Transmission de série: semi-automatique 7 rapports

> Transmission optionnelle: aucune

> Direction / Diamètre de braquage (m): crémaillère / 11

> Freins av-arr: disque / disque

> Pneus (av-arr): 225/45R17

> Capacité du réservoir / Essence recommandée: 50 litres / Super

Nous aimons

Vivacité de la mécanique

Sécurité active et passive

Volume du coffre

Nous aimons moins

Places arrière étriquées

Boîte 7 rapports à dresser

Détails de finition bas de gamme