Le PDG de Renault et de Nissan, Carlos Ghosn, a estimé mercredi que la voiture électrique restait un «pilier» du développement de l'alliance franco-japonaise, malgré des ventes mitigées qui l'ont amenée à repousser ses objectifs.

«La voiture électrique représente l'un des piliers, pas le seul, mais un pilier de notre développement technologique. Nous continuons de penser qu'elle deviendra un élément majeur de l'industrie automobile», a assuré M. Ghosn lors d'une conférence de presse.

Le PDG des deux groupes s'exprimait à l'ouverture du salon de l'automobile de Tokyo. Les ventes mondiales de la Leaf de Nissan, la citadine électrique vedette du constructeur japonais, n'ont atteint que 87 000 unités près de trois ans après son lancement, même si le groupe souligne qu'elle est la plus vendue dans cette catégorie.

«De nombreux gouvernements qui avaient promis des infrastructures (de recharge des voitures électriques) ont été lents à les mettre en oeuvre, mais ils s'y mettent désormais», a expliqué M. Ghosn pour expliquer ce démarrage plus poussif que prévu.

Renault commercialise déjà quatre véhicules électriques, dont la citadine Zoé, tandis que Nissan, dont le français est le premier actionnaire, a présenté la Leaf et un utilitaire et prévoit deux modèles supplémentaires. Mais l'alliance qui pensait auparavant pouvoir vendre, en cumulé, un total de 1,5 million d'unités d'ici à fin 2016 a dû repousser cet objectif.

«Nous maintenons l'objectif de 1,5 million, mais la réalité nous oblige à dire que nous ne l'atteindrons pas en 2016, mais deux ou trois ans plus tard», a reconnu M. Ghosn.

Il a en revanche maintenu que la part de marché des voitures électriques dans le monde, toutes marques confondues, pourrait atteindre 10% en 2020.

«S'il y a un minimum d'investissement dans les infrastructures, ce sera le cas», a-t-il assuré, évoquant le succès des voitures électriques en Norvège, où les autorités soutiennent massivement cette technologie, et se disant confiant dans la percée de ces véhicules en Chine, en Europe et sur «quelques pans» du marché américain.

Il s'est montré en revanche beaucoup plus sceptique sur le potentiel de développement immédiat des voitures à pile à combustible, fonctionnant à l'hydrogène gazeux, que le numéro un mondial Toyota, entre autres, veut mettre sur le marché dans deux ans.

«Je suis très curieux de voir comment vont faire les concurrents qui promettent une vente à grande échelle de véhicules à pile à combustible dès 2015. Où sont les infrastructures?», s'est interrogé M. Ghosn.

Il a expliqué que Nissan avait «reporté un certain nombre d'ambitions à propos de la voiture à pile à combustible, au vu de l'expérience de l'électrique qui nous a appris qu'il était très lent de développer des infrastructures».