La Nissan haute performance ZEOD n'a tenu que cinq tours lors de sa participation aux 24 heures du Mans. La boîte de vitesse du prototype électricité-essence a lâché. Mais les 24 heures avant la course en ont donné pour leur argent aux patrons de Nissan. Durant les essais et les qualifications.

La voiture a inscrit un nouveau record de vitesse en mode 100% électrique, avec une longue pointe à «plus de 300 km/h» dans la longue droite des Hunaudières (Nissan n'a pas donné la vitesse exacte). Le cap des 300 km/h est symbolique, mais il est aussi la vitesse où les pilotes savent qu'ils peuvent se tuer s'il y a dérapage, avarie subite ou collision. Avant que deux chicanes soient aménagées dans la droite des Hunaudières pour ralentir les trompe-la-mort, un Français nommé Roger Dorchy y avait atteint 405 km/h à bord d'une Peugeot en 1988.

Aujourd'hui, les plus rapides font environ 330 km/h, ce qui montre que les 300 km/h du prototype ZEOD sont très respectables.

C'était un des deux objectifs de l'écurie Nismo, la division sport de Nissan.

Les hybrides LMP1 qu'Audi, Toyota et Porsche emploient au Mans et en série LMP1 ont des moteurs électriques et à essence qui travaillent toujours ensemble. Les moteurs électriques servent surtout à doper le moteur à combustion interne durant les accélérations. Alors ces voitures ne sont pas faites pour rouler uniquement en électrique.

La ZEOD, par contre, sert de laboratoire pour les motorisations 100% électriques de Nissan, l'entreprise devait donc éblouir.

L'autre objectif avant course était de faire une boucle complète (13,6 km) du Circuit de la Sarthe en mode tout électrique. Cela a été accompli aux essais du 13 juin, une boucle dans le silence électrique des deux moteurs de 110 kW.

Pas mal pour un prototype relégué au «hangar 56», une installation ajoutée par les organisateurs pour permettre à un prototype de se frotter aux vrais pros du circuit LMP1.

Les prototypes du hangar 56 courent pour l'honneur. Ils ont droit aux essais et à une place de départ gagnée aux qualifications, et ils peuvent faire la course, mais leurs chronos de tours, vitesses de pointe et leur distance, s'ils terminaient les 24 heures, rien de tout cela ne serait officiel.

Évidemment, l'abandon pour avarie mécanique après seulement cinq malheureux tours est un coup dur pour Nissan. Et l'ironie, c'est que le bris est survenu dans la transmission et non pas dans les composantes qui étaient surveillées avec une attention maniaque, soit la motorisation électrique et l'innovateur moteur à essence trois cylindres compact (1,5 L) de 400 chevaux.

PHOTO JEAN-FRANCOIS MONIER, AFP

La Nissan ZEOD dans le peloton lors des 24 Heures du Mans.