Imaginez une auto qu'on pourrait conduire sans volant ni pédales, juste par la pensée. C'est ce vers quoi Nissan affirme travailler avec son projet Brain to Vehicle (B2V), dévoilé au Consumer Electronics Show de Las Vegas.

Pour le moment, Nissan a des ambitions beaucoup plus terre-à-terre : analyser les comportements de conducteurs de voitures ordinaires d'aujourd'hui. Le constructeur japonais veut identifier les ondes cérébrales révélant des intentions de conduite simples comme accélérer, ralentir, tourner à gauche, tourner à droite, ce genre de choses. 

Grâce à un logiciel et à des algorithmes (qui restent à inventer), l'ordinateur de bord serait en mesure d'anticiper les intentions du conducteur avant que ce dernier ait eu le temps d'agir. Par exemple, en sortant d'une courbe, la plupart des conducteurs ont tendance à accélérer; le logiciel anticiperait cette intention et l'injecteur enverrait plus d'essence dans le moteur une fraction de seconde avant que le pied enfonce l'accélérateur.

C'est un exemple simple parmi un très grand nombre de décisions de conduite, chacune d'entre elles pouvant être exécutées entre deux et cinq dixièmes de secondes plus vite. Synthétisées dans un logiciel, ces informations sur le pattern de conduite d'un individu permettraient une conduite beaucoup plus agréable, affirme Nissan.

Voilà pour l'objectif premier.

«Ça, c'est ton cerveau, mon garçon...» Photo: Nissan

Conduire avec ses pensées

Dans un deuxième temps, ce savoir-faire serait utile dans 10 ou 15 ans lorsque la conduite autonome de niveaux 4 et 5 sera réalité, dit Nissan. Imaginez l'opérateur d'une voiture autonome, posant momentanément les yeux sur la route et estimant que l'auto ne va pas assez vite. Il n'aurait qu'à penser à accélérer pour que la voiture le fasse.

Bien entendu, la limite est très ténue ici entre le marketing et la vraie recherche appliquée.

On peut aussi se demander si le jeu en vaut la chandelle dans le cadre de la conduite d'une voiture ordinaire. Est-ce que ce serait vraiment plus amusant ou agréable à conduire si Nissan est vraiment capable d'enlever les millisecondes séparant l'intention d'écraser l'accélérateur et le moment où le pied l'enfonce pour vrai ? Inversement, serait-ce vraiment plus sécuritaire si on pouvait éliminer les millisecondes séparant la décision de freiner du moment où le pied appuie sur la pédale de frein ? Peut-être.

Mais ça semble terriblement compliqué.

Quand la part des choses est faite entre la science-fiction et ce qui est réaliste, on peut aussi se poser se demander, bêtement : est-ce que les conducteurs devront porter un bonnet plein de capteurs d'ondes cérébrales ? 

Autre question : les gens ont-ils vraiment envie de laisser Nissan ou n'importe quel autre organisation lire dans leurs pensées et construire des algorithmes reproduisant leurs schèmes de décision ?

Encore une question, qui vise le concept même d'auto autonome : comment les constructeurs vont-ils rentabiliser des systèmes dont la majorité des conducteurs actuels n'auront presque jamais envie d'allumer, pour la bonne et simple raison que conduire est un plaisir qu'ils n'ont pas envie de partager avec un robot ?