Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a affirmé vendredi que le constructeur automobile français allait rester en Iran, quitte à adopter «une voilure réduite», malgré le rétablissement par les États-Unis de sanctions visant Téhéran.

«On n'abandonnera pas. Même si nous devons réduire la voilure très fortement, eh bien nous resterons avec une voilure réduite parce que nous sommes persuadés que (...) à un moment ce marché rouvrira et le fait d'être resté en Iran nous donnera certainement un avantage», a déclaré M. Ghosn devant les actionnaires, réunis en assemblée générale à Paris.

L'effet Trump

Le président des États-Unis, Donald Trump a annoncé début mai le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien. Washington a décidé de rétablir ses sanctions vis-à-vis de Téhéran ainsi que de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique, leur donnant de 90 à 180 jours pour se retirer du pays.

«Nous n'allons pas abandonner l'Iran, nous aurons un avenir en Iran», a martelé M. Ghosn. «L'Iran ne restera pas au ban des Etats. Cela prendra peut être deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, ce n'est pas grave, à l'échelle de Renault ce n'est rien».

Toutefois, a ajouté le patron du constructeur français, «nous n'allons pas faire ça au détriment des intérêts de Renault, nous veillerons bien à ce que notre présence en Iran ne provoque pas des mesures de rétorsion directes ou indirectes de la part des autorités américaines».

Pour ce faire, une équipe «est en train de travailler sur le dossier», «en contact direct avec l'administration américaine pour savoir ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas être fait», a-t-il souligné.

Renault est bien implanté en Iran, avec plus de 160 000 véhicules vendus l'an dernier, soit son huitième marché, derrière le Brésil mais devant le Royaume-Uni. Le groupe a vendu au total 3,76 millions de véhicules dans le monde.

Un petit VUS Renault Captur fabriqué par Renault en collaboration avec le constructeur iranien Iran Khodro, dévoilé au Salon de l'auto de Tabriz, au nord du pays, le 14 octobre 2014. Photo AFP

Vulnérable aux USA via Nissan ?

Or, le groupe au losange détient 43% du Nissan, très présent aux États-Unis où le constructeur japonais a écoulé 1,6 million de véhicules en 2017, soit près de 10% du marché américain.

Son concurrent PSA (marques Peugeot, Citroën...), qui a vendu 444 600 véhicules en Iran l'an passé, a quant à lui déjà annoncé qu'il se préparait à un retrait du pays afin de respecter les sanctions imposées par les États-Unis.

Cependant PSA avait aussi souligné qu'il restait «en contact avec les autorités américaines pour envisager une dérogation», «avec le support du gouvernement français», dans l'espoir de pouvoir poursuivre son activité.

En 2012 lors du renforcement de sanctions américaines, Renault était resté en Iran, contrairement à PSA. Ce dernier groupe, dont la filiale d'équipement Faurecia réalise déjà 26% de ses ventes en Amérique du Nord, a lancé en 2016 un plan de retour espéré aux États-Unis pour ses véhicules à un horizon de dix ans, en démarrant par des activités d'autopartage.

Un autre grand groupe français, Total, a fait savoir récemment qu'il ne mènerait pas à terme un grand projet gazier en Iran, entamé en juillet 2017, à moins d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines.