La limousine allongée qui fait tourner les têtes et fait parfois déclencher les flashs des appareils photo a de moins en moins la cote. L'industrie du service de limousine est en train de prendre un virage. Avec des véhicules moins imposants.

À l'image de leurs clients qui recherchent de plus en plus la discrétion, les entreprises de service de limousine tendent à choisir des véhicules moins voyants.

«L'avenir du service de limousine va vers les multisegments», croit Claude Boulet, propriétaire de Limousine Select. «La vision d'une limousine a bien changé, l'industrie se tourne vers les VUS», estime pour sa part Jean Rail (1), chauffeur depuis 25 ans.

Les raisons de cette mutation sont multiples. Les multisegments peuvent transporter aujourd'hui six personnes, comme une limousine allongée six places. Ils offrent un espace de chargement très appréciable. Le tout pour une consommation sans commune mesure avec une limousine allongée de huit places. Nul besoin également pour les entreprises d'acquérir un véhicule préalablement transformé par une compagnie spécialisée. L'investissement est moindre. Une limousine allongée peut coûter jusqu'à 100 000$.

Au quotidien, les voitures moins imposantes sont appréciées des chauffeurs, plus faciles à manoeuvrer essentiellement. «Une bonne voiture, c'est une voiture plus petite, plus facile à stationner, plus pratique pour faire le plein d'essence et pour circuler dans les petites rues», explique Marco, qui est dans le métier depuis huit ans.

Conséquence de cette tendance qui se dessine, «les limousines pour les gens d'affaires sont simplement des voitures de luxe», fait remarquer Marcel Brochu, chauffeur et propriétaire de Limousine Trudeau. Des cinq modèles qu'il a conduits depuis 2004 pour assurer un tel service, il préfère... sa Mercedes R350. «C'est une voiture de qualité, avec une bonne tenue de route et une conduite plus sportive», dit-il.

L'industrie contribue à ce changement, depuis que la production des Lincoln Town Car et Cadillac DTS - limousines emblématiques fort utilisées - a cessé. Et le client exerce une certaine influence. «Le client veut le même standard partout. La limousine est un service de taxi particulier et garanti», rappelle Claude Boulet.

Résultat, les véhicules que l'on voit sur la route se limite aujourd'hui aux Lincoln Town Car, Navigator et MKT ainsi qu'aux Cadillac DTS - devenue XTS - et Escalade pour les «allongées», à ces mêmes DTS, Town Car, MKS et Mercedes Classe S pour les «berlines».

Si les multisegments et les VUS semblent succéder à ces voitures, un autre véhicule pointe cependant le bout de son capot dans l'industrie: le minibus. Plus pratique et plus économique pour les sorties en groupe de toute sorte.

«La limousine huit passagers, c'est juste bon pour les mariages et les partys. On va vers le party-bus, on le voit déjà aux États-Unis», commente M. Boulet.

On n'a plus les limousines que l'on avait.

(1) Nom fictif.

Pas de limos pour les ministres

Contrairement à ce que certains pourraient croire, les ministres ne roulent pas en limousine.

Le gouvernement du Québec possède en fait 28 voitures officielles: 13 minifourgonnettes (10 Toyota Sienna et 3 Honda Odyssey), 13 berlines intermédiaires (2 Toyota Avalon, 9 Ford Taurus et 2 Chrysler 300S) et deux multisegments, des Lexus RX400h.

La majorité sont des modèles 2011 et le coût d'acquisition maximal autorisé est de 45 000$.



Source: Centre de gestion de l'équipement roulant - MTQ

Photo archives Le Soleil

Les ministres québécois roulent entre autres sur la banquette arrière de Toyota Avalon.