Pour les grands constructeurs, le salon automobile du Brésil est en voie de ne plus être considéré comme une manifestation un brin exotique. Plus question d'y dévoiler des modèles légèrement datés, même si l'exposition brésilienne n'apparaît toujours pas comme le théâtre propice à un lancement mondial.

Sur les terres d'un futur géant du marché automobile, la 27e présentation de ce salon ne dévoile aucune nouveauté internationale. On y retrouve cependant la plupart des vedettes du dernier Mondial de l'auto qui se déroulait il y a quelques jours à peine à Paris, dont les futurs Jaguar F-type et Range Rover.

Les ventes de véhicules neufs ont pourtant sérieusement ralenti cette année. Un freinage imputable en grande partie à la mise en place d'une taxe qui a fait grimper le prix des véhicules importés au Brésil de 30%.

Naturellement, l'objectif du gouvernement brésilien est d'inciter les constructeurs à ériger des chaines de montage sur son territoire. «Le sujet est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, reconnaît Sebastien Mackensen, directeur des ventes des Amériques pour Audi AG. Cette mesure touche les constructeurs qui vendent annuellement plus de 4800 unités sur le marché brésilien.

«Les discussions se poursuivent avec le gouvernement pour obtenir certains éclaircissements sur cette politique en vue d'obtenir un compromis acceptable pour toutes les parties impliquées», ajoute notre interlocuteur.

À l'heure actuelle, le constructeur allemand réalise 32% de ses ventes à l'aide de la petite citadine A1.

De son côté, les marques Nissan et Jac Motors ont profité de leur passage à Sao Paulo pour y annoncer la mise en place de nouvelles usines de fabrication. Déjà, le partenaire de Nissan, Renault, y assemble avec succès certains de ses véhicules pour le marché local. À l'heure actuelle, toutes marques confondues, 4,3 millions de véhicules naissent d'une usine brésilienne.



Vivamente picapinhas

Dans les rues achalandées de Sao Paulo, la jeunesse brésilienne n'a d'yeux que pour ces véhicules issus d'un métissage entre une camionnette et une automobile compacte. Là-bas, on les appelle picapinhas. Et elles sont très populaires.

La plupart des marques présentes sur le marché en ont une à leur catalogue. Et toutes sont fabriquées au Brésil. Elles ont pour nom Chevrolet Montana, Peugeot Hoggar, Fiat Strada Adventure et Volkswagen Saveiro Cross. D'autres constructeurs se disent intéressés à joindre ce segment d'ici peu, dont le duo sud-coréen Hyundai-Kia.

Les picapinhas dérivent toutes d'une compacte de grande série à la différence qu'elles habillent une carrosserie deux portes annexée à une benne. Vendues à des tarifs très attractifs, ces picapinhas ont fait entrer l'automobile dans le cercle des biens de consommation courante et permis à des milliers de jeunes automobilistes brésiliens d'acheter une voiture neuve. Ce fut le cas de Bruno Fonte, 32 ans qui en a longtemps possédé une. «C'était ma première voiture et j'ai malheureusement été dans l'obligation de m'en départir récemment. Ma femme attend un enfant et la configuration deux places de ce véhicule ne se prête pas aux familles.»

Pour mémoire, ce genre de véhicule a déjà existé sur le territoire canadien il y a près de 30 ans. Ses dernières représentantes se nommaient Dodge Rampage et Volkswagen Rabbit Pickup.

La Fiat Strada Adventure est l'un des véhicules  fabriqués au Brésil.