C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures: depuis quelques années, plusieurs constructeurs automobiles en ont fait leur adage et ont ressorti des variantes de modèles mythiques, comme Renault avec l'Alpine.

Le constructeur automobile français veut mettre sur le marché d'ici quatre ans une nouvelle Alpine, qui sera la lointaine héritière de la berlinette A110 qui a dominé les rallyes dans les années 1970, la marque du coureur Jean Rédélé ayant ensuite été mise en sommeil.

Une voiture concept offre un aperçu de ce que pourrait être ce nouveau modèle, qui reprend le bleu de l'Alpine d'origine mais n'évoque que de loin sa silhouette.

Renault s'engouffre ainsi dans la brèche ouverte par Volkswagen avec la nouvelle Coccinelle, BMW avec la nouvelle Mini, Fiat avec la Fiat 500 ou encore Citroën et sa ligne DS, toutes ces voitures qui évoquent la douceur des trente glorieuses.

Elles «bénéficient d'une forte notoriété et d'une sympathie certaine», explique Naveed Ahmad, qui suit le secteur automobile pour le groupe d'études et de sondages Ipsos.

Reprendre leur nom permet aux constructeurs de bénéficier de ce capital et de «créer de la valeur avec des modèles qui se différencient des autres», poursuit-il.

Et si ces références aux années 1950, 1960 ou 1970 ne parlent pas aux plus jeunes, qu'importe puisqu'en Europe, l'âge moyen d'un acheteur d'une voiture neuve est de 51 ans.

Dans le cas de Citroën, «DS était une véritable icône de l'automobile et à partir du moment où nous avons fait le pari osé de lancer une nouvelle ligne de voitures 'premium', utiliser ce nom permettait de crédibiliser la démarche», explique à l'AFP son directeur général Frédéric Banzet.

Ce nom «a un très grand pouvoir d'évocation et symbolise l'avant-garde, la créativité, la technologie», autant de caractéristiques que Citroën veut mettre en avant sur sa nouvelle ligne DS.

«Certains clients font preuve d'une nostalgie pour ces modèles, qui renvoient à une certaine joie de vivre, comme la Fiat 500», ce «pot de yaourt» lancé dans les années 1950 et qui symbolise l'accès à tous à l'auto, tout comme la Coccinelle ou encore la 2 CV, constate M. Ahmad.

Ces modèles sont aussi entrés dans l'imaginaire collectif par le biais du cinéma, comme la 2 CV dans le film français «Le Corniaud» ou la série de Walt Disney dédiée à la Coccinelle.

D'autres consommateurs «veulent avoir une voiture différente, mais sans paraître snob», ce que leur apporte ce type de véhicules, qui vise une clientèle de niche prête à payer beaucoup plus que pour un équivalent standard et grand public, poursuit le spécialiste.

Pas question pour autant de refaire du vieux à l'identique.

«On ne pourrait pas refaire la 2 CV aujourd'hui, compte tenu de l'évolution des normes d'émissions de CO2 et de choc», explique, à titre d'exemple, M. Banzet, pour qui «il faut faire attention aux limites de l'exercice».

Fiat en a fait les frais aux États-Unis, où il espérait se relancer par le biais de son emblématique «Cinquecento», mais n'a pas réussi à séduire les automobilistes.

Photo fournie par Renault

Le concept Alpine A110-50, de Renault.