Le constructeur Campagna Motors a maille à partir avec des propriétaires de T-REX, son véhicule biplace à trois roues. À l'origine du courroux de ces clients, un problème mécanique aux conséquences potentiellement dangereuses pris en charge tardivement, selon eux. Pour l'entreprise de Boucherville, il s'agit là d'«une tempête dans un verre d'eau».

Tony Martel s'est fait une petite frayeur au volant de son T-REX 14RR le printemps dernier. Dans une courbe négociée à très haute vitesse, il a vu l'alimentation du moteur de son bolide coupée subitement, avec pour effet un ralentissement brusque et robuste. Dans ces circonstances, «quelqu'un sans expérience aurait perdu la maîtrise de la machine», estime M. Martel.

Cette panne a été constatée sur des modèles 14RR 2011 et surtout 14RR 2012. Chaque fois, le problème semblait avoir la même origine: l'odomètre. Les chauffeurs observaient qu'à une vitesse de 120 km/h et plus, l'aiguille oscillait de manière aléatoire. Puisque l'ordinateur de bord croyait alors déceler un défaut, l'alimentation en électricité et en essence était coupée aussitôt.

«La plupart des gens savent que le T-REX est un véhicule de performance. Normalement, ils peuvent maîtriser le véhicule dans ce cas-là», croit un autre propriétaire victime du même problème, mais qui souhaite taire son nom.

Certains ont trouvé une solution - temporaire - au problème en débranchant tout simplement l'odomètre. Une solution qui n'est évidemment pas raisonnable en soi.

Le problème est connu dans le petit cercle des propriétaires de T-REX qui utilisent entre autres ce véhicule en piste. Ils ont beau être conscients que rouler à plus de 120 km/h sur l'autoroute est illégal au Québec, ils dénoncent tout de même ce problème mécanique.

Campagna répond

«Ce problème est arrivé dans un contexte de très haute vitesse, à 160 km/h, affirme André Morissette, président de Campagna Motors. Un contexte dans lequel on ne devrait pas se trouver sur les routes.»

Son entreprise a répondu aux plaintes en établissant la source de la panne et en invitant les propriétaires à faire réparer la pièce en question à ses ateliers. «Le problème a été adressé à tous les clients. Tous les propriétaires qui avaient ce problème ont été joints et tenus au courant de notre processus de diagnostic», soutient M. Morissette.

Ce qui n'a pas atténué pour autant la déception de certains clients, qui déplorent la lenteur du service après-vente. Propriétaire d'un modèle 2011, Stéphane Bénard, par exemple, dit avoir signalé le problème dès l'été 2011. Il ne comprend pas «la nonchalance du constructeur».

«On a répondu dans les délais, dans la mesure où le problème était établi. Les gens s'imaginent qu'on peut trouver la solution tout de suite. Il faut passer à travers des protocoles de test rigoureux», répond M. Morissette.

Des clients peuvent-ils ne pas encore avoir été alertés? «Ça m'étonnerait, dit M. Morissette. Même si statistiquement, c'est possible. On a agi de façon prompte. Est-ce qu'on a bien communiqué notre façon d'agir? Manifestement pas.»