À l'occasion du lancement de son guide annuel Autos 2013, publié en collaboration avec Protégez-vous, l'Association pour la protection des automobilistes (APA) épingle à nouveau non seulement les cotes de consommation de carburant sous-évaluées par les constructeurs eux-mêmes, mais également les nouvelles tendances technologiques, parfois frappées du sceau «EcoBoost» ou «SkyActiv», qui promettent une économie d'essence.

Les consommateurs commencent à le savoir. La consommation de carburant des véhicules neufs déclarée par les constructeurs et publiée par le gouvernement canadien est nettement moins élevée que ce que les automobilistes constatent dans la réalité. Et pour ajouter l'insulte à l'injure, les cotes de consommation des voitures neuves vendues au Canada sont inférieures à celles des mêmes modèles vendus aux États-Unis, comme l'a révélé il y a un an La Presse.

L'APA poursuit sa croisade contre ces chiffres officiels qui deviennent de moins en moins fiables et qui «relèvent presque de la fantaisie» dans certains cas, selon elle.

«Les constructeurs et les concessionnaires vantent des chiffres alléchants dans leur publicité et dans leurs salles d'exposition, mais une fois la voiture achetée, la réalité est fort différente», affirme l'association dans un communiqué.

Cette année, l'APA épingle les consommations d'essence des moteurs «EcoBoost» et «SkyActiv». Entre autres. Lors d'essais routiers, elle a constaté par exemple que la Ford Fusion 2013 équipé du 4 cylindres EcoBoost 1,6 litre consomme 8,8 L/100km sur un parcours mixte (ville-autoroute) quand le constructeur annonce 7,3 L/100km. Plus surprenant, sur cette même voiture dans les mêmes conditions, le 4 cylindres de base de 2,5L consomme moins que l'EcoBoost, selon l'APA: 8,1 L/100 km. Alors que Ford prétend le contraire: 7,7 L/100 km.

«Le moteur 1,6L tourne plus vite, à plus haut régime, en raison de sa cylindrée plus petite», fait remarquer Pierre-Olivier Millette, directeur des essais automobiles à l'APA.

Mazda et sa technologie SkyActiv, un ensemble également censé permettre des économies à la pompe, est montrée du doigt. Dotée du 4 cylindres de 2,5 litres, sa Mazda 6 2014 (boite automatique) ferait du 5,1 L/100km sur autoroute, selon le constructeur. Avec la même voiture, mais en cycle mixte, la berline consomme 11,1 L/100km, d'après les observations de l'APA. Même si un peu de ville a été fait par l'APA, c'est une différence énorme.

La différence est nettement moindre sur le tout dernier Hyundai Sante Fe Sport 2013 (boite automatique et traction intégrale). Sur un parcours mixte, son moteur 2,0 litres turbo consomme deux litres de plus que ce que déclare le constructeur, d'après l'APA (11,8 L/100km contre 9,8 L/100km).

«La bonne nouvelle, c'est qu'il y a un effort de fait en ce domaine de la part des constructeurs. Mais la mauvaise, c'est que la consommation réelle reste plus importante, commente George Iny, président de l'APA. Vous ne ferez pas d'économies avec un VUS 4 cylindres ou avec un petit moteur turbo. Vous allez même consommer plus. Mais on ne peut pas généraliser non plus, tous les modèles ne sont pas comme ça.»

Hybrides décevants

Le comportement de quelques hybrides a apparemment été décevant. L'APA dit avoir reçu des commentaires négatifs quant à la consommation de la Honda Civic hybride par exemple. Le dernier Ford C-Max hybride (non branchable), dont la consommation revendiquée est de 4,1 L/100km sur route et de 4 L/100km en ville, a quant à lui consommé 8 L/100km en cycle mixte, d'après l'essai routier mené par l'APA. Le C-Max a beau être un «excellent véhicule», il n'en demeure pas moins que «sa consommation d'essence est beaucoup plus élevée que sa cote officielle», dit l'association,

«On constate de plus en plus cette différence sur des moteurs d'un nouveau genre. Il y a toujours eu une différence, mais l'ampleur de cette différence constatée est alarmante», conclut Pierre-Olivier Millette.

N'ayant pas pris connaissance des essais réalisés par l'APA, Ford Canada s'est refusé mercredi à tout commentaire sur le sujet. «La consommation d'essence dépend beaucoup de la façon dont les gens vont conduire. La température ambiante joue aussi un rôle, fait une différence», s'est contenté de dire la directrice des communications, Christine Hollander.

L'APA affirme que ses essais ont été menés dans un mode de conduite raisonnable.