Les ventes automobiles annuelles en Inde ont chuté de 6,7%, frappées de plein fouet par le ralentissement de la croissance économique et des taux d'intérêt élevés, selon les chiffres publiés mercredi par la fédération du secteur qui espère une embellie l'an prochain.

Les ventes de voitures ont chuté à 1,89 million au cours de l'année budgétaire 2012/13 achevée fin mars contre 2,03 millions un an plus tôt, marquant leur premier recul annuel en une décennie, a indiqué dans un communiqué la Société indienne des constructeurs automobiles (Siam).

Il s'agit d'un coup dur pour la fédération qui espérait encore l'an dernier pouvoir atteindre une croissance annuelle de 10 à 12% cette année après avoir enregistré en 2011/12 une hausse des ventes de 2%.

Pour le seul mois de mars, les ventes se sont effondrées de 22,5% sur un an, après un recul en février de près de 26%, le pire depuis douze ans.

«Ces chiffres ont déçu toutes nos prévisions, il y a eu un revirement du comportement d'achat» des ménages, a estimé auprès de l'AFP le directeur général adjoint de la fédération, Sugato Sen.

«Le problème principal a été le fort ralentissement de l'économie et les taux d'intérêt élevés. Les ventes ont été frappées de plein fouet», a-t-il ajouté.

Selon des estimations encore provisoires, la troisième puissance économique d'Asie a enregistré en 2012/13 une croissance de l'ordre de 5%, soit sa pire performance en dix ans.

Le précédent recul annuel du marché automobile en Inde date de 2002-2003.

Depuis, il n'avait cessé de croître jusqu'à 20% à 30% par an, devenant l'un des marchés mondiaux les plus florissants grâce à l'émergence d'une solide classe moyenne.

Son potentiel de croissance avait attiré les géants du secteur en quête de nouvelles opportunités dans un contexte de morosité sur les marchés européens.

Pour tenter de séduire malgré tout les clients, les constructeurs ont adopté des tactiques de vente agressives en proposant aux ménages d'acheter maintenant en différant leur paiement ou en leur offrant la possibilité d'acheter en plusieurs fois sans frais, avec parfois des remises allant jusqu'à 20%.

Pour diminuer les stocks, les constructeurs ont fermé certaines lignes de production et fait une pause dans leurs investissements, selon la fédération.

Le français Renault, dont les ventes étaient jusqu'à présent très modestes, a néanmoins vu un net progrès cette année: le groupe a vendu 52 463 véhicules, contre 1500 unités voici deux ans. Le décollage de ses ventes a surtout été attribué à son 4x4 Duster.

Renault avait fait une première tentative d'implantation en Inde via une société commune que le constructeur français avait créée avec le groupe indien Mahindra pour fabriquer la Logan lancée en 2007. Mais les ventes n'avaient pas atteint le succès escompté et Renault s'était désengagé en 2010 de cette société commune.

Le marché indien est encore largement dominé par le groupe Maruti, contrôlé à majorité par le japonais Suzuki, même si des marques étrangères telles que GM et Toyota commencent à se tailler une part du gâteau dans ce pays de 1,2 milliard d'habitants.

Maruti a vu ses ventes annuelles progresser de 4,4% à 1,05 million d'unités.

Le président de la fédération, S. Sandilya, a estimé que 2013/14 devrait être meilleure, disant tabler sur une croissance de l'ordre de 3% à 5%.

«L'an dernier a été une mauvaise année, il n'y a aucun doute là-dessus, mais nous espérons que les choses iront mieux grâce à des initiatives du gouvernement qui ont été annoncées pour stimuler la croissance», a-t-il fait valoir lors d'une conférence de presse.