Un élu américain a pressé lundi le département de la Justice de demander à General Motors, en pleine tempête après le rappel de 3,4 millions de ses véhicules, de créer un fonds pour les victimes d'accidents liés au défaut de la clé de contact.

Le sénateur Richard Blumenthal a envoyé une lettre cinglante au ministre Eric Holder affirmant que le constructeur automobile américain avait volontairement dissimulé des informations concernant ce défaut de la clé de contact qui a été associé à la mort de 12 personnes.

Il révèle aussi que le département de la Justice a lancé une enquête criminelle sur «l'illégalité flagrante des dissimulations de GM», qui pourrait ouvrir la voie à des poursuites criminelles.

«Compte tenu du rôle crucial que le gouvernement des États-Unis a joué dans la création de l'actuelle General Motors Corporation, le gouvernement fédéral a l'obligation morale, si ce n'est légale, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger des consommateurs innocents», écrit le sénateur démocrate.

Ce dernier dit craindre que GM soit protégé de toute responsabilité juridique pour des événements antérieurs à son sauvetage par l'État qui a suivi sa faillite de 2009.

«Les dissimulations délibérées (de GM) ont causé la mort et des dommages,  et constituent une fraude auprès du tribunal des faillites qui a approuvé sa restructuration», ajoute-t-il. Le constructeur automobile a «aussi déçu de manière criminelle le gouvernement des États-Unis et le public».

Cette lettre intervient alors que des poursuites ont été engagées au civil la semaine dernière contre GM, au nom des familles de deux adolescents morts en 2006 dans un accident avec leur Chevrolet Cobalt, et d'un survivant de l'accident qui a été lié au défaut de la clé de contact.

Le groupe de Detroit est sous le feu des critiques depuis l'éclatement de l'affaire des rappels de voitures à la mi-février. Depuis cette date, le premier constructeur américain a rappelé en trois fois au total plus de 3,4 millions de véhicules, essentiellement en Amérique du Nord. Les deux premiers rappels, intervenus les 12 et 26 février, sont dus à un défaut sur la clef de contact.

Pour apaiser la tempête et sauver sa réputation, GM a annoncé la création d'un poste de responsable de la sécurité des véhicules, et sa patronne Mary Barra devrait prochainement témoigner devant le Congrès. GM assure que certains ingénieurs étaient au courant du problème en 2001 et avaient proposé en 2004 une solution, mais que rien n'avait été fait.