Les autorités américaines ont demandé mardi le rappel à l'échelle de tout le pays des véhicules équipés du modèle de coussins gonflables défectueux associés à de nombreux morts et fabriqués par le japonais Takata.

Le département du Transport (DoT) et l'agence nationale de la sécurité routière (NHTSA) expliquent que cette décision a été prise après un incident concernant ces coussins gonflables dans une zone non humide. C'est surtout le coussin de sécurité du côté du chauffeur qui est affecté, selon un communiqué.

Ni le DoT, ni la NHTSA n'ont précisé combien de véhicules sont potentiellement concernés. Ils indiquent avoir contacté Takata et les fabricants de véhicules affectés pour leur demander d'effectuer les rappels.

«Nous savons maintenant que des millions de véhicules doivent être rappelés pour réparer ces coussins gonflables défectueux et notre enquête est loin d'être terminée», a simplement déclaré le directeur de la NHTSA David Friedman, cité dans le communiqué.

«En émettant cette demande pour un rappel national, la NHTSA démontre une fois de plus qu'elle s'appuie sur des données et des preuves pour protéger les vies d'Américains sur les routes et tenir les constructeurs (automobiles) responsables de leurs actes», s'est pour sa part réjoui le secrétaire aux Transports Anthony Foxx.

La sénatrice américaine Claire McCaskill, présidente d'une sous-commission pour la protection des consommateurs, qui avait annoncé la semaine dernière l'ouverture d'une enquête pénale contre Takata, a salué cette nouvelle.

«La confusion entourant ce défaut sur des coussins gonflables a duré trop longtemps. (...) Cette annonce est aujourd'hui bienvenue, même si elle intervient tard, et j'espère que Takata et les autres constructeurs qui ne l'ont pas encore fait vont rapidement répondre aux demandes de la NHTSA», a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Jusqu'à présent, les rappels concernaient uniquement les régions (Floride, Porto-Rico, l'île de Guam, les îles Vierges et Hawaï) à forte humidité, celle-ci aggravant le problème.

La NHTSA a par ailleurs demandé aux groupes automobiles affectés - BMW, Chrysler, Ford, General Motors, Honda, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Subaru et Toyota - de lui adresser des documents et un rapport détaillant toutes les mesures et inspections qu'ils ont effectuées pour réparer le défaut.

Les coussins de sécurité mis en cause, produits dans les années 2000, peuvent exploser et projeter des fragments de métal et plastique sur les passagers. Ils sont à l'origine de nombreux incidents et de plusieurs décès: cinq selon les médias, dont trois confirmés par Takata et Honda.

Cette annonce vient accroître la pression sur Takata, dont deux responsables seront auditionnés jeudi par une commission du Sénat américain sur les Transports et le Commerce. Alors que le département de la Justice (DoJ) a ouvert une enquête pénale, la NHTSA tente d'établir la responsabilité de Takata et Honda, l'un des constructeurs les plus affectés.

Les deux groupes font également l'objet de plusieurs plaintes aux États-Unis, dont certaines en nom collectif.

Fin octobre, la NHTSA avait demandé le rappel de 7,8 millions de véhicules produits entre 2000 et 2007, dont des marques haut de gamme comme Lexus et BMW. Les États-Unis représentent jusqu'à présent près de la moitié des seize millions de véhicules rappelés à travers le monde pour ce défaut.

La facture est lourde pour l'équipementier: il s'attend à une perte nette de 25 milliards de yens (256 millions de dollars) lors de l'exercice fiscal 2015 devant clôturer fin mars 2015. Mais les pertes pourraient encore grimper en raison d'éventuelles pénalités et frais judiciaires, a déjà prévenu Takata.