La baisse du prix de l'essence aux États-Unis réconcilie les consommateurs avec les voitures et rend le sourire aux constructeurs passablement malmenés ces dernières années.

Les ventes de voitures en novembre se sont affichées au plus haut depuis dix ans atteignant 17,2 millions de véhicules en rythme annuel, soit près d'un million de plus qu'un an plus tôt, selon les statistiques d'Autodata.

Kurt McNeil, responsable des ventes chez General Motors, le premier constructeur américain, souligne que «davantage de personnes disposent d'un travail et de la sécurité du travail». «Les salaires commencent à augmenter, la richesse des ménages s'accroît et la baisse des prix de l'essence semble devoir se confirmer en 2015», souligne-t-il.

Même son de cloche chez le Japonais Nissan. «L'année prochaine s'annonce très bonne pour nous», affirme Fred Diaz, responsable des ventes.

Le retour à une croissance solide de l'économie américaine se ressent tout particulièrement dans le secteur automobile. Outre l'attachement légendaire des Américains à leurs voitures, nombreux sont ceux qui avaient différé leurs achats de véhicules en période de vache maigre et de prix de l'essence élevé.

Le prix du gallon (3,8 litres) est passé de plus de 4 dollars en mai 2011 à 2,76 dollars début décembre, selon les statistiques de l'agence américaine pour l'énergie (EIA).

Diesels et hybrides pénalisés

La chef économiste de Ford, le deuxième constructeur américain, Emily Kolinski Morris, a noté lors d'une récente conférence téléphonique que l'économie américaine était sur la voie d'une croissance de l'ordre de 3 % en raison de la baisse des prix de l'énergie et du gain que cela représente pour les consommateurs.

La diminution des prix de l'essence représente ainsi une économie de 180 millions de dollars par jour, bénéficiant en premier lieu aux ménages.

Le secrétaire au Trésor américain Jack Lew l'a d'ailleurs assimilée à une réduction d'impôts et, selon une étude d'IHS Global Insight, un foyer américain moyen pourrait économiser jusqu'à 750 dollars l'année prochaine grâce à la baisse des prix de l'énergie.

Si les acheteurs retournent chez les concessionnaires, ils modifient toutefois leurs habitudes d'achat. Mark Gillies, un porte-parole de Volkswagen, souligne que les ventes du constructeur allemand aux États-Unis ont progressé en novembre, mais celles de ses véhicules diesel, moins gourmands en essence, ont baissé. «Nous vendions environ 23 % de véhicules diesel sur l'ensemble de notre gamme [aux États-Unis]. Mais sur les deux derniers mois, cette proportion est tombée à environ 16 % avec la baisse des prix de l'essence», indique-t-il.

Même cause, même effet pour les véhicules hybrides électricité/essence dont le fleuron, la Toyota Prius, a vu ses ventes baisser de 13,5 % en novembre et de 11 % sur l'année.

Richard Curtin, directeur des enquêtes à l'université du Michigan souligne que les consommateurs se montrent maintenant beaucoup plus disposés à l'achat de biens considérés onéreux, au premier rang desquels les voitures. Ainsi, la prédisposition à l'acquisition d'un véhicule n'a jamais été aussi haute depuis 2005.

«Sur la base des récentes données chiffrées, les dépenses de consommation devraient faire de 2015 la meilleure année pour l'économie depuis 2005», souligne-t-il.

L'emploi devrait notamment en être le principal bénéficiaire avec, toujours selon les chiffres de l'Université du Michigan, la création de 5,3 millions d'emplois sur les deux prochaines années. Historiquement, la croissance des emplois se traduit mécaniquement par un progrès des ventes de voitures, souligne Emily Kolinsky Morris.

Mais le chef économiste de IHS Global Insight, Doug Handler, tempère un peu l'enthousiasme ambiant. «Si l'on compare les précédents quatre trimestres aux quatre prochains, les dépenses des consommateurs en essence seront en baisse de 92 millions de dollars, soit environ 750 dollars par ménage. Mais d'ici la deuxième moitié de 2015, les prix de l'essence vont se stabiliser et l'impact de ce dividende va s'atténuer», prévient-il.