«Le VUS, c'est une mode.» Aux yeux de l'Association pour la protection des automobilistes (APA) et leur président George Iny, ce genre de véhicule n'incarne plus une dépense contrôlée mais le paiement d'un service régulier. Parce que tout est réuni pour en favoriser l'achat. Résultat, les véhicules utilitaires sport (VUS) et multisegments représentent aujourd'hui une vente sur trois au Québec. Du jamais vu dans «le royaume de la petite voiture».

L'an dernier, les véhicules utilitaires sport et les multisegments ont représenté 30,2% des ventes de véhicules neufs au Québec, alors qu'ils n'étaient qu'à 10% de parts de marché 10 ans plus tôt. Si l'on y ajoute les camionnettes (9,7% des ventes en 2014), les gros véhicules accaparent 40% du marché québécois. Les voitures compactes (29,9%) ont été doublées, les sous-compactes (11,5%) sont dépassées.

Que se passe-t-il? «Le public aime la traction intégrale, on ne veut plus avoir une pelle dans le coffre et les plaques antidérapantes. Et on aime la position surélevée de ces véhicules», répond dans un premier temps George Iny.

Les bas taux d'intérêt jumelés à des remboursements qui s'étalent sur 72, 84 et même 96 mois incitent les gens à se procurer par exemple une Honda CR-V plutôt qu'une Honda Civic, séduits qu'ils sont par des mensualités certes équivalentes mais beaucoup plus nombreuses - donc plus longues à rembourser.

L'APA souligne que les automobilistes ont encore le tort de chercher les meilleures mensualités plutôt que les meilleurs prix.

«Actuellement, le public n'est pas inquiet. La culpabilité face à l'emprunt a disparu. L'automobile est un bien que l'on paie comme un service tel que le téléphone», illustre M. Iny.

Aujourd'hui, on débourse 30 000$ pour une voiture quand on se contentait de 23 000 ou 24 000$ il y a quelques années. L'endettement généré inquiète les analystes économiques et les associations de consommateurs.

Le VUS a pourtant bien des défauts. Plus cher - de 15 à 20% de plus qu'une compacte -, plus polluant, plus gourmand à la pompe - de 20 à 40% de plus qu'une compacte -, il n'offre pas plus d'espace et n'est pas plus confortable que bien d'autres genres sur le marché. La fourgonnette, la familiale, la berline intermédiaire et même parfois la compacte offrent plus de coffre et de capacité de chargement que bien des VUS.

«L'achat d'une voiture est un geste émotif qui contredit souvent nos intentions et nos valeurs», rappelle l'APA.

L'hiver exigeant et la récente baisse du prix de l'essence ne vont pas freiner cet élan pour les VUS de sitôt.

Ventes au Québec

1. VUS 30,2% 127 291

2. Compactes 29,9% 125 883

3. Sous-compactes 11,5% 48 441

4. Camionnettes 9,7% 40 719

5. Intermédiaires 6,8% 22 412

6. Luxe 5% 21 240

7. Fourgonnettes 3,5% 14 936

8. Fourgons 1,8% 7496

9. Sportives 1,6% 6528