«Une pandémie, au même titre que le sida ou le cancer»: nommé mercredi envoyé spécial de l'ONU pour la sécurité routière, Jean Todt, président de la Fédération internationale de l'automobile, ne mâche pas ses mots face au «fléau» de la mortalité au volant.

«La mortalité routière est une grande pandémie, au même titre que la tuberculose, la malaria, le sida ou le cancer», a insisté l'ancien patron de Ferrari auprès de l'AFP, en commentant sa nomination mercredi à Paris par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies.

«Le défi de la sécurité routière est trop souvent ignoré, alors que les accidents de la route sont le premier facteur de mortalité pour les jeunes âgés de 15 à 29 ans», a plaidé M. Todt avec vigueur: «C'est un fléau planétaire, auquel il faut porter la même attention qu'au sida, à la tuberculose ou à Ebola».

«Mais si nous n'avons pas trouvé le remède miracle pour ces maladies, nous le connaissons pour la sécurité routière», a assuré celui qui est à la tête de la FIA depuis 2009, en citant l'éducation, la prévention, les contrôles, l'amélioration du réseau routier et l'amélioration de l'état des véhicules en circulation.

«En France, des années 1970 à aujourd'hui, il y a trois fois plus de véhicules en circulation, mais quatre à cinq fois moins de victimes», s'est-il félicité, même si la lutte reste indispensable, comme l'ont démontré les mauvais chiffres 2014 en France publiés mercredi même, avec 3388 personnes décédées sur les routes: 120 de plus qu'en 2013.

Loeb et Nadal comme partenaires

Mais la situation est bien plus dramatique dans beaucoup de régions du globe, a-t-il souligné, rappelant que 90% des 1,3 million de morts et 50 millions de blessés annuels sur les routes, dont 25% de piétons, sont des citoyens des pays en voie de développement. Alors que ces mêmes pays ne comptent que la moitié du parc automobile mondial.

«Dans trop de pays, on ne passe pas son permis de conduire, on l'achète, (...) et trop souvent ce sont chez eux qu'atterrissent ces voitures qui ne sont plus autorisées chez nous», a accusé le patron de la FIA dans son entretien avec l'AFP, en soulignant que 500 enfants perdent la vie chaque jour sur les routes.

Pour l'aider dans sa nouvelle mission, Jean Todt entend trouver des partenaires, dans le sport automobile et ailleurs. Avec des champions du monde de Formule 1 par exemple, comme l'Anglais Lewis Hamilton ou l'Allemand Sebastian Vettel, ou le nonuple champion du monde des rallyes, le Français Sébastien Loeb.

«Mais ils ne seront pas les seuls à participer et travailler avec nous», a insisté le patron de la FIA, en citant également le tennisman espagnol Rafael Nadal ou le golfeur américain Bubba Watson.

Amateur de «défis difficiles», il voit en tous cas dans ce nouveau rôle auprès de M. Ban «un engagement envoûtant, un des plus difficiles mais des plus importants aussi». Avec pourquoi pas en ligne de mire une réduction de 50% du nombre de morts sur les routes d'ici 2030: «Ce sera difficile, mais c'est possible».