Sergio Marchionne n'en démord pas. Fiat Chrysler Automobiles (FCA) et General Motors (GM) ont tout intérêt à fusionner. Le patron du groupe italo-américain met la pression sur son voisin de Detroit qui refuse toujours ses avances.

Depuis plusieurs mois, l'emblématique Italien a pris son bâton de pèlerin afin de sensibiliser les actionnaires et convaincre les hauts dirigeants de GM de la nécessité de ne faire plus qu'un. Marchionne vient d'en rajouter dans une longue entrevue accordée à Larry P. Vellequette, du magazine Automotive News.

Le ton employé est direct, la motivation claire, la pression accentuée. Il est temps aujourd'hui que des discussions s'amorcent entre les deux géants de l'automobile, déclare-t-il. « Il serait déraisonnable de ne pas forcer un partenariat. [...] Il y a différents degrés de rapprochement. [...] On peut rejeter un accord, mais on ne peut pas rejeter une discussion. »

Pourquoi diable Sergio Marchionne veut-il un tel mariage ? Le président de Fiat Chrysler Automobiles martèle depuis des mois que l'industrie automobile fait face à un avenir « désastreux ». Selon lui, les constructeurs gaspillent trop de fonds propres en recherche et développement, poussés par les exigences des gouvernements et des consommateurs, l'avènement de la voiture connectée et - ultérieurement - autonome, l'allègement des véhicules et le coût croissant des moteurs.

Pour vendre son idée de fusion, Sergio Marchionne dit avoir tout soupesé, estimé, analysé, comparé. La conclusion est claire.

« On ne parle pas d'améliorations marginales, on parle de changements immenses en matière de performance. Les profits potentiels sont plus grands que les revenus totaux actuels de GM et de FCA. »

Marchionne affirme que la nouvelle entité pourrait générer des revenus annuels de 30 milliards US (avant intérêts, taxes, dépréciation et amortissements).

Mais ce que l'Italien clame moins, c'est que FCA est l'une des entreprises de l'industrie qui font face au plus grand nombre de défis. Sa division américaine est encore trop dépendante des ventes aux parcs automobiles, son unique vaisseau amiral est aujourd'hui la marque Jeep et Fiat n'est pas dans une position dominante en Europe.

Une situation qui a poussé un haut dirigeant de GM à avoir cette réflexion auprès du journaliste Larry P. Vellequette : « Pourquoi GM devrait-il renflouer FCA ? »

General Motors fait toujours la sourde oreille aux sollicitations de FCA. Marchionne n'a à ce jour jamais rencontré la PDG de GM, Mary Barra - « J'ai essayé d'obtenir une entrevue », dit-il. Celle-ci a plutôt balayé du revers de la main ses avances, en prétextant que GM est bien trop occupé à fusionner ses propres actifs après sa restructuration entreprise en 2009.

« Vous ne pouvez pas fusionner avec vous-même », a rétorqué Sergio Marchionne. Le débat est lancé ?