À part les panneaux décoratifs à l'intérieur des Rolls-Royce et les châssis du petit manufacturier Morgan, il n'y a plus beaucoup de bois dans les voitures modernes. Mais le designer industriel américain Joe Harmon propose une voiture exotique en bois composite, qu'il a baptisée Splinter (écharde, en anglais).

Harmon, qui aime l'apparence et le toucher du bois, dit avoir toujours voulu construire une automobile de ses mains tout en repoussant les limites qu'on attribue à ce noble matériau.

Il n'est pas le premier. Au fil des ans, plusieurs carrossiers ont fait des voitures de bois, des pièces uniques qui même durant les années 30 étaient d'emblée considérées comme des excentricités ou des études de style.

Mais Harmon utilise du bois composite fait avec des résines modernes ultrarésistantes. Il n'y a pas de 2 X 4 là-dedans. Le bois composite est un bois d'ingénierie fait à partir de copeaux ou de lamelles collés sous pression à chaleur contrôlée. Il est plusieurs fois plus résistant que le bois ordinaire.

Même les roues sont en bois

Il a mis un V8 Chevrolet LS7 (l'ancien moteur de la Corvette et de la Camaro) dans cette auto qui, à l'exception des pièces mécaniques, des instruments et des pneus, est presque entièrement faite de bois (même le châssis monocoque). Les jantes d'aluminium sont montées sur des roues en bois consistant chacune de 275 pièces moulées et collées.

Le moteur est préparé pour développer 700 chevaux et la voiture de 1135 kg a une vitesse maximale théorique de 385 km/h. Théorique, parce que Harmon a déjà affirmé que la voiture pourrait ne pas être testée à cette vitesse. Et ce, même si le rapport force-poids du bois composite utilisé est supérieur à celui de l'aluminium, affirme Harmon.

Harmon et son équipe de passionnés rencontrés à la fin de ses études à l'Université d'État de la Caroline-du-Nord travaillent sur la Splinter depuis cinq ans.

Collé à l'époxy

Les résines et des colles utilisées pour lier tout ce bois comprennent des noms familiers, comme l'époxy, l'uréthane, l'urée formaldéhyde et d'autres polymères qui durcissent à la chaleur, mais aussi la bonne vieille acétate de polyvinyle (la colle blanche PVAC des ébénistes et des relieurs).

Fait intéressant, Harmon dit avoir été inspiré par un avion célèbre de la Seconde Guerre mondiale, le De Havilland Mosquito, un bimoteur britannique en bois recouvert de coton plastifié. Cet avion parmi les plus rapides de la guerre avait un fuselage et des ailes faits d'un contreplaqué de bouleau canadien et de balsa de l'Équateur. Avec ses deux V12 Rolls-Royce Merlin de 1565 chevaux, c'était l'avion à hélice le plus rapide de la guerre.