Les États membres de l'UE continuent d'ignorer le problème des moteurs diesel et de leurs émissions excessives de gaz polluants, accuse l'ONG Transport & Environment (T & E) dans une étude publiée lundi, neuf mois après le scandale des moteurs truqués de Volkswagen.

Le rapport très critique de l'ONG, qui lutte pour la défense de la qualité de l'air, sort à la veille du premier débat européen au niveau ministériel sur la question des émissions polluantes et de leur mesure, à l'occasion d'une réunion des 28 ministres des Transports mardi à Luxembourg.

En septembre, le constructeur allemand avait reconnu l'utilisation de logiciels implantés dans 11 millions de véhicules diesel destinés à aider à passer les tests d'émissions de gaz polluants qu'ils auraient sinon ratés.

Dans la foulée du scandale, certains États membres ont lancé des investigations sur les émissions de modèles de marques européennes en condition réelle de conduite, relevant des niveaux de pollution bien plus élevés que ceux enregistrés par les autorités de régulation nationales lors de tests en laboratoire.

T & E, basé à Bruxelles, a appelé les gouvernements à prendre des mesures sur la base de ces tests, regrettant que les enquêtes en cours en France et Allemagne n'aillent pas assez loin.

Le rapport intitulé « dirty 30 » identifie les véhicules les plus polluants en circulation dans l'UE et les associe à l'autorité de certification nationale qui a homologué le véhicule.

Les auteurs accusent les régulateurs nationaux de volontairement ignorer les preuves de surpollution pour protéger leur industrie locale.

« Les constructeurs automobiles choisissent de jouer à domicile avec un arbitre acquis à leur cause, leur garantissant la victoire mais aussi que les voitures continuent de polluer et que des gens meurent », a déploré Greg Archer, spécialiste des véhicules propres pour T & E.

« Comment s'attendre à autre chose qu'un ''Dieselgate'' quand l'Allemagne certifie Mercedes, la France Renault, le Royaume-Uni Jaguar et l'Italie Fiat? », s'interroge-t-il.

Pour preuve, le rapport explique que le Royaume-Uni a accordé l'homologation de 9 des 30 véhicules les plus pollueurs identifiés, dont une Jaguar, une Range Rover et trois modèles fabriqués sur le territoire britannique (une Nissan, une Toyota et une Honda).

De même, la France et l'Allemagne ont homologué chacun sept véhicules, tous fabriqués par leurs champions nationaux.

Selon la réglementation européenne, un véhicule certifié par un État membre obtient l'autorisation de commercialisation partout dans l'UE.

Mi-avril, une enquête menée en Allemagne avait relevé des irrégularités dans les tests de 16 célèbres marques de voitures.

En France, le groupe PSA Peugeot-Citroën a vu cinq de ses établissements perquisitionnés par la répression des fraudes, qui enquête sur des « anomalies » dans les émissions de trois véhicules testés après le scandale Volkswagen.