Rolls-Royce n'est pas pressé du tout de lancer sa première voiture électrique et il va continuer à mettre des V12 sous le capot des ses véhicules de luxe «tant que ce sera légal de les offrir». Le constructeur de voitures de luxe ne sait pas quand les normes anti-pollution de plus en plus sévères l'obligeront à éliminer le V12, par contre il s'attend à ce que toute sa gamme soit électrifiée dès 2040.

C'est ce qui se dégage d'une entrevue accordée au quotidien anglais Financial Times par le patron de la marque Torsten Müller-Ötvös.

Le pdg de Rolls-Royce affirme que l'abandon du V12 n'est aucunement souhaité par la direction, parce que ce gros moteur fait maintenant partie intégrante de son identité.

«On va certainement offrir nos moteurs à 12 cylindres aussi longtemps qu'on le pourra, tant que ce sera légal de les offrir», a-t-il dit, ajoutant qu'il y a si peu de Rolls-Royce sur la planète que leur impact environnemental est négligeable. «Mais l'électrification, c'est l'avenir, point final. Il faut se préparer à ça.»

D'ailleurs, Müller-Ötvös dit ne pas avoir d'objection fondamentale aux moteurs électriques : «En fait, l'électrification fait comme un gant à Rolls-Royce : puissance, silence et accélération; alors dans un sens, ça se marie très bien avec ce qu'on fait.»

Ne pas avoir d'objection, ce n'est pas la même chose que vouloir le faire et Müller-Ötvös se laisse beaucoup de jeu --une décennie, plus ou moins-- avant le lancement de la première Rolls-Royce tout électrique.

C'est le temps qu'il faudra avant que le resserrement des normes environnementales prévu en Europe commence à être un tant soit peu imité aux Etats-Unis et au Moyen-Orient, deux lucratifs marchés pour Rolls-Royce, estime-t-il.

En attendant, c'est le pied au fond avec le V12.

Torsten Müller-Ötvös est le seul patron automobile à avoir trois trémas dans son nom. Photo Reuters

Zéro intérêt pour le zéro-émission

En 2011, Rolls avait exploré l'idée d'une voiture électrique de grand luxe avec une Phantom prototype appelée 102EX, présentée au Salon de l'auto de Genève 2011.

Le V12 de 6,75 litres avait été remplacé par un puissant moteur électrique et une grosse batterie lithium-ion de 71 kWh.

Le magazine Car & Driver avait décrit la 102 EX comme «la réponse à une question que personne n'a posée» et la compagnie avait rapporté un intérêt nul chez sa clientèle très éprise du V12.

Le changement pourrait cependant venir de Chine, où l'électrification sera obligatoire. Et aussi de Munich, au siège social de BMW, l'actionnaire unique de Rolls-Royce : BMW a de grosses voitures aussi et ses futurs moteurs électriques pourraient sans trop de peine être transplantés sous les capots ornés de la statuette Spirit of Ecstasy.

La 102EX. Photo Rolls-Royce