Le «taxi volant», c'est pour bientôt : le groupe industriel britannique Rolls-Royce a dévoilé son projet de développer un véhicule électrique hybride qui décolle et atterrit verticalement, et pourrait voler d'ici cinq ans.

Le groupe, dont le siège est à Derby, au centre de l'Angleterre, a présenté pour la première fois son projet au salon de Farnborough, près de Londres, alors que d'autres industriels se précipitent vers ce créneau.

Pas le même Rolls-Royce que les limousines

Le géant de l'aérospatial (les sociétés automobile et aéronautique ont été séparées en 1971) espère fabriquer un prototype de son «taxi volant» dans les dix-huit mois à venir : il pourrait potentiellement emprunter les airs au début des années 2020. Cet avion électrique pourra accueillir quatre ou cinq passagers, à une vitesse maximale de 322 km/h et avec une capacité de vol de 805 km.

«On verra un produit similaire voler d'ici trois à cinq ans, et nous allons faire une démonstration de ce système dans deux ans», dit à l'AFP Rob Watson, chargé de l'électrique à Rolls-Royce.

Le véhicule hybride, qui a déjà coûté plusieurs millions de livres en développement, utilisera une turbine à gaz traditionnelle complétée par un système électrique.

Rolls-Royce étudie parallèlement un produit tout électrique qui n'est cependant pas aussi évolué que le «taxi volant» hybride. «Il y a un marché émergent des avions entièrement électriques mais, pour nous, un tel système ne peut pas vraiment répondre aujourd'hui au niveau d'exigence», ajoute Rob Watson.

Propulsion hybride

«Le «tout-électrique» est le moyen de naviguer dans une ville (...) mais pour aller de Londres à Paris, on voudra un engin qui permet de parcourir cet intervalle. Et ce sont les systèmes de propulsion hybride qui occuperont ce marché.», assure Rob Watson.

Rolls-Royce n'est pas seul sur le marché du «taxi volant» hybride. D'autres groupes, comme Uber, le projet «Kitty Hawk» soutenu par Google, Lilium aviation en Allemagne, Safran en France et Honeywell aux États-Unis, mènent des recherches dans le secteur.

Le virage du secteur aérospatial vers la propulsion électrique rappelle celui de l'électrique dans l'automobile: les voitures tout-électrique gagnent du terrain en termes de popularité et performance.

«Regardez l'industrie automobile. Historiquement, tout le monde avait un moteur à combustion interne. Au fil du temps, on y a ajouté plus de capacité électrique et on a vu apparaître des voitures électriques», relève Rob Watson.

«De la même manière, nous introduisons un système de propulsion hybride dans ce marché parce qu'il apporte de l'amplitude et de la performance».

Disruption

David Stewart, spécialiste en aviation au cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman, relève que le secteur aérospatial était sous pression pour devenir plus respectueux de l'environnement.

«La propulsion électrique peut créer une disruption dans la manière dont les engins sont alimentés», dit-il à l'AFP. «L'électrique n'est pas près de remplacer le kérosène, mais il ne faut jamais dire jamais».

Pour lui, le concept du taxi volant de Rolls-Royce est en réalité une plateforme de développement pour tester la nouvelle technologie.

Le produit commercialisé sera probablement une version améliorée du taxi volant, qui comptera 10 à 15 sièges, avec plus d'opportunités d'utilisation, selon Stewart.

«Avec le temps, on a plus de capacité électrique pour des avions de plus en plus grands - et c'est vraiment ce à quoi on pense aujourd'hui. Nous sommes dans un processus d'apprentissage de la technologie dont nous aurons besoin demain», conclut Rob Watson.