Saab, en faillite depuis lundi, s'est déclaré ce matin incapable d'assumer ses obligations en matière de garantie et a avisé les concessionnaires américains qu'elle suspend la garantie des voitures Saab. La directive avise aussi les concessionnaires que les Saab 2011 neuves encore invendues doivent désormais être vendues «telles quelles» et que le livret de garantie Saab doit être retiré des documents remis aux acheteurs potentiels.

Dans la plupart des provinces canadiennes et États américains, la responsabilité envers le client est assumée directement par le concessionnaire. C'est le cas au Québec, a dit à La Presse Jean-Claude Gravel, concessionnaires GM, Hyundai et Saab. Si le distributeur canadien de Saab fait défaut de sa garantie, ce sont les concessionnaires qui devront assumer eux-mêmes les coûts des réparations effectuées, même s'ils ne peuvent plus se faire rembourser par la compagnie.

La directive envoyée lundi soir par Saab aux concessionnaires américains n'a pas d'effet direct au Canada. Ici, les Saab sont distribuées par le grossiste américain International Fleet Sales, qui gère aussi les réclamations faites par les concessionnaires canadiens à la suite de réparations faites sous garantie.

Mais la suspension de garantie américaine n'augure évidemment rien de bon pour les acheteurs canadiens récents de Saab et les concessionnaires canadiens.

Quand General Motors a vendu sa filiale suédoise Saab en 2010, cette dernière avait rapidement rouvert une filiale américaine, Saab Cars North America. Mais ce nom porte à confusion, puisque cette filiale n'est active qu'aux États-Unis. Depuis un an, l'importation des Saab au Canada se faisait à partir des États-Unis par International Fleet Sales. Ce grossiste américain a comme principale activité l'exportation de véhicules GM dans des pays où la compagnie n'a pas de présence officielle.

Depuis la fin de 2010, c'est IFS qui est responsable de rembourser les réclamations de concessionnaires canadiens liés à la garantie de toutes les Saab, qu'elles aient été vendues à l'époque de GM ou après, explique M. Gravel.

Les Saab 2011 étaient vendues avec une garantie de quatre ans ou 80 000 km, tout comme les Saab produites à l'époque de GM.

Quand Saab a déclaré faillite lundi, M. Gravel a écrit un courriel d'une ligne au représentant d'IFS à Detroit, responsable des exportations de Saab au Canada: «Je lui ai demandé: 'Vas-tu payer mes réclamations de garantie?' J'ai reçu un courriel automatique m'indiquant qu'il est en congé jusqu'au 3 janvier», a dit M. Gravel, qui trouve la coïncidence remarquable.

Au moment de mettre ce texte en ligne, M. Gravel n'avait pas encore eu de nouvelles du grossiste IFS.

La Presse a contacté GM-Canada ainsi que le président d'IFS, Mike Libasci, qui a dit qu'il référait nos questions à un subalterne, qui n'avait pas répondu à La Presse au moment de mettre ce texte en ligne.

GM-Canada garantit la garantie sur ses Saab

En fin d'après-midi, GM-Canada a indiqué à La Presse que «si Saab cessait d'assumer ses obligations de gérer ses programmes de garantie avec ses concessionnaires américains et canadiens (...), GM prendrait les mesures nécessaires pour que soient honorées jusqu'à leurs expirations les garanties portant sur les Saab vendues par GM aux États-Unis et au Canada», a dit General Motors dans une déclaration transmise à La Presse.

Au Canada, ces balances de garanties s'appliquent aux Saab des années modèles 2010 ou antérieures, a précisé la porte-parole Faye Roberts, de GM-Canada.

Cela ne s'applique pas, bien entendu, aux Saab 2011 fabriquées après que GM eut vendu Saab.

Ces acheteurs récents devront se tourner vers le concessionnaire. «En ce qui concerne les Saab 2011 achetées ici, nous allons assumer les coûts liés à la garantie, a dit Jean-Claude Gravel: «Soit que nous allons payer à même notre portefeuille, soit que nous achèterons une couverture de garantie d'un indépendant, mais ça, c'est une décision d'affaires, ça ne changera rien pour nos clients. J'ai cinq mécaniciens qui savent travailler sur des Saab, ils vont continuer.»

Il s'agit d'un petit nombre de voitures: «Des 2011, j'en ai vendu une vingtaine», a dit M. Gravel.

Il demande 30 jours à ses clients pour formuler une politique détaillée à ce sujet.

Reste la question des pièces de rechange, dans l'avenir, ce qui est toujours une préoccupation pour les propriétaires de voitures qui ne sont plus produites.

M. Gravel dit que les concessionnaires Saab canadiens pourraient envisager des actions en commun, comme des commandes de pièces de rechange Saab, dans les années qui viennent. «Saab était devenue un assembleur et sous-traitait l'essentiel de ses pièces à des fournisseurs. Ces sous-traitants ont intérêt à continuer à produire des pièces, il y aura encore de la demande.»

Des Saab neuves pas chères... pour acheteur motivé

Au fait, il lui reste une seule Saab 2011 neuve invendue, une 9-3 automatique blanche. Il n'y a pas si longtemps, le prix suggéré du constructeur était 43 000$. Maintenant que Saab est officiellement en faillite, Gravel Auto a réduit le prix à 32 000$. Et c'est comme on dit un «vendeur motivé», sûrement négociable.

Ça prend aussi un acheteur motivé aussi, mais M. Gravel dit qu'il y en a.

«Ne sous-estimez pas la fidélité des propriétaires de Saab, dit-il. Une fois qu'ils avaient adopté cette auto, c'était Saab pour longtemps. Il reste 11 Saab destinées au marché canadien chez IFS et pas encore achetées par un concessionnaire. J'ai fait une offre pour les onze. C'est sûr que je veux les avoir pour pas cher et que je les vendrais pas cher non plus. Mais je suis sûr qu'elles partiraient toutes.»