Un groupe d'investisseurs sino-japonais a officialisé mercredi l'acquisition des actifs de Saab pour produire en Suède des véhicules électriques sur les décombres de l'emblématique constructeur automobile suédois, mis en liquidation judiciaire en décembre.  

L'entreprise chinoise de sources alternatives d'énergies National Modern Energy Holdings Ltd et le fonds d'investissement japonais Sun Investment LLC ont fondé au printemps 2012 la société National Electric Vehicle Sweden (NEVS) dans le but de racheter les actifs de Saab.

«Les clients chinois veulent une voiture électrique de qualité. L'achat de Saab Automobile à Trollhättan nous permet d'en offrir une», a indiqué le directeur général de NEVS, Kai Johan Jiang, dans un communiqué publié conjointement avec les administrateurs chargés de la liquidation de Saab.

Ainsi, NEVS veut développer et construire, à l'usine de Trollhättan (sud-ouest de la Suède) où étaient produites les Saab, des véhicules électriques dont le premier modèle, issu de la Saab 9-3 et commercialisé fin 2013 ou début 2014, sera avant tout destiné au marché chinois.

Le montant de la transaction annoncée mercredi n'a pas été divulgué, mais il le sera au plus tard le 19 novembre, selon l'agence de presse suédoise TT.

Des ingénieurs suédois, japonais et chinois, dont le recrutement est en cours, participeront ensemble au développement des nouveaux véhicules, selon le communiqué.

Le président de NEVS, Karl-Erling Trogen, s'est réjoui de pouvoir «combiner l'expérience suédoise en matière industrielle automobile pour la fabrication et le design, avec la technologie japonaise pour les voitures électriques et une forte présence en Chine».

«Les voitures électriques alimentées à l'électricité verte sont notre avenir et la voiture électrique du futur vient de Trollhättan», a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse retransmise en direct à la télévision depuis Trollhättan, M. Trogen a reconnu ne pas pouvoir promettre que les voitures électriques produites par NEVS porteraient le logo de Saab, y compris celle émanant de la Saab 9-3.

Le syndicat IF Metall, auquel appartient un nombre important d'ouvriers de Saab, se félicite dans un communiqué de la signature de l'accord et de l'esprit «novateur» des nouveaux propriétaires.

«Investir dans les voitures électriques est passionnant (...) Nous n'avons pas assez de voitures électriques en circulation en Suède et nous nous situons loin derrière de nombreux pays» souligne le syndicat, espérant que la nouvelle orientation de l'usine offrira de nouvelles possibilités d'exportations.

La ministre de l'Industrie, Annie Lööf, a salué la signature d'un accord: «c'est une décision positive pour l'industrie automobile suédoise et pour la région», estime-t-elle dans un communiqué.

Fondé en 1937 avec l'aide du gouvernement suédois pour fabriquer des avions alors qu'une guerre s'annonçait inéluctable, Saab s'est ensuite diversifié dans l'automobile. Saab Aviation, dont la branche automobile s'est séparée lors de ses premières difficultés financières au début des années 90, continue aujourd'hui de construire des avions de chasse.

Saab (Saab Automobile, Saab Tools et Saab Powertrain) s'est déclaré en faillite le 19 décembre 2011. Une tentative désespérée de lever des fonds en Chine avait été contrariée par l'ancien propriétaire, l'Américain General Motors, qui avait refusé un transfert de brevets.

Saab Automobile Parts AB et les droits de propriété intellectuelle détenus par GM concernant la Saab 9-5, ne font pas partie de l'accord annoncé mercredi.

Les actifs du constructeur suédois couvrent moins d'un tiers de ses dettes, ont annoncé le 10 avril les administrateurs chargés de la liquidation.